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 L'ACQUA FRESCA, DEVON.

Aron De Saegher
Aron De Saegher
Messages : 259
FC, crédits : m. huisman — fc, eihwaz ; sign, alcara.
Pseudo, pronom : les draps bleus — they/them, il/iel.
L'ACQUA FRESCA, DEVON. 818f4f1c1cd671c78176a237681aaee3
Pronoms : il/lui.
Age : quarante-et-un ans.
Activité : entre les aides d'état et une maigre paie — docker en dillettante, le dos plié par des caisses pour oublier une carrière d'u.s. marine enterrée depuis longtemps.
Statut : en solitaire, ceux qui ne sont pas vraiment veufs — ça fait dix ans, et il a abandonné la bataille ; il lui ne reste même plus la compagnie d'un vieux frère, trop aveugle pour crier à temps.
Style RP : rythme erratique, env. 500-750 mots par réponse — en français et en anglais.
Thèmes récurrents : alcohol/drugs (addiction à la codéine) — death or dying (accident de la route, mort d'un.e proche) — depiction of war trauma (engagement dans l'armée américaine, déploiement en irak, SPT) — abuse/child abuse (trauma générationnel, absentéisme) — ableism/ableist language (symptômes d'encéphalopathie traumatique chronique) — internalized homophobia (refus d'évoquer son attirance).


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  L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Lun 16 Mai - 0:45

don't worry if it's a cold night, 'cause we all go up in flames. / ft. @devon davis / codage + icons (c) alcara.
l'acqua fresca

tw: cigarette, deuil, hallucination

tu avais dû vendre le contenu de la boîte au prêteur sur gages. tu te rappelais encore, vaguement, comme un rêve à demi-éveillé. les quelques bijoux restants. ceux que tu lui avais offerts. c'était la fin de l'hiver, en deux mille dix-sept. tu avais dû vendre le contenu de la boîte, comme tu avais dû détacher les cadres. mais cette fois, c'était de la survie. la pension n'avait jamais suffit. surtout pas pour couvrir les frais de mutuelle inexistante. surtout pas pour payer des tubes oranges. surtout pas pour assurer un avenir au gamin. et à toi, la moindre sécurité. au moins, il y avait la maison. s'il devait rester quelque chose. tu avais vendu les bijoux, et puis tu avais laissé la boîte toute entière. peut-être que tu l'avais rêvé, la blessure au coeur pour ton fils. tu lui avais pris le visage de sa mère, et maintenant ses boucles d'oreilles. tu n'avais pas eu la force, de toute façon. la boîte en merisier n'avait pas bougé du comptoir, quand le tintement de la porte vitrée avait résonné derrière toi.

il pleut.

il pleut, comme tous les jours ou presque dans cette foutue ville, dans ce foutu comté, dans ce foutu état, dans cette foutue vie. les essuie-glasses du pick-up ford couinent doucement, allers-retours se battant contre la morne et la triste. il pleut.

tu soupires.
même le ronronnement du moteur ne suffit plus.

tu avais pris l'habitude des tours le long de la forêt, sans but sinon celui d'errer. et souvent, tu avais refait la côte et refait le trajet. le noeud dans la route, et puis rien sur le goudron. il n'y avait rien eu de plus. on n'aurait presque jamais deviné ce qui était arrivé. peut-être qu'ils auraint dû tous vous retirer le permis, aux de saegher. ça aurait sûrement été question d'utilité publique.

la radio grésille. ici, ça capte mal, parce que l'on est toujours à deer creeks, mais surtout au fin fond de nulle part. et tu joues avec les stations, en continuant de fixer la bande d'asphalte.

ça ferait peut-être plaisir à earl.
tu ne savais pas faire.

tu n'avais jamais su.
et les jours récents et son regard après la première nuit noire ;
tu n'arrivais pas à ne pas y repenser.

et elle, elle continuait de dormir à côté de toi, comme avant, avant la fin du monde. et toi, toi tu continuais de fixer la porte ou le plafond. tu ne te rappelais pas avoir dormi, pourtant il manquait des heures à la chronologie récente. tout s'était mélangé en un amas confus. le passé, le présent. pas le futur. ça n'existait plus vraiment, depuis longtemps. il fallait longer la forêt et les champs. il pleuvait. tu n'avais toujours pas eu plus de nouvelles. peut-être que les heures étaient passées dans les pixels bleutés de l'écran. que tu avais perdu ta vie et le temps, à rester à le fixer en dernière lueur. parce qu'une fois tout éteint, elle revenait dans ton dos.

ils auraient sûrement dit que ce n'était pas la fin du monde.
que vous aviez déjà eu des froids.

ils n'auraient pas su.

une main sur le volant, et l'autre palpe les poches de ta veste. tu as abandonné le tabac à rouler. c'est encore pire. il pleut et les gouttes font la course sur la vitre à côté de toi. tu ouvres à peine. la maison pue la clope, désormais. tu te serais assassiné. tu n'arrives plus à t'en faire. ça fera plaisir à earl. l'idée datait d'une autre ère.

devon était de ceux qu'on connaissait sans connaître. l'âge de ton frère, quelques vagues souvenirs d'une tête blonde. un atelier au fin fond de nulle part.  sûrement qu'ils disaient d'autres choses, ceux qui avaient le temps. toi, non. tu n'avais pas le temps. tu lui avais mal décrit la boîte à bijoux. avec ton croquis de mémoire, pour le motif laminé au-dessus. il avait appelé la semaine dernière déjà, pour dire que c'était enfin bon.

tu n'avais pas répondu.
tu n'avais pas eu le temps de répondre.

chemin chaoteux. la cendre au coin des lèvres. et la forêt sur ton flanc. un coup d'oeil sans y faire attention, à travers les arbres trop vite trop épais et trop denses. les freins avaient crissé dans un hurlement mortifère.

et ton coeur s'était arrêté.
l'apnée.

la maison et l'atelier n'étaient qu'à quelques dizaines de mètres.

tu n'avais plus le temps de les voir. phalanges nouées sur le cuir du volant. elles étaient devenues blanches, soudainement. de trop serrer. tu avais arrêté de respirer.

il te regardait de tout sa hauteur, de toute sa stature.
les bois sombres.

et les yeux rouges.


la nausée.

Devon Davis
Devon Davis
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FC, crédits : Oliver Jackson-Cohen (avatar par bb law ♥♥♥ ban par ethereal)
Multicomptes : Murphy M (Pablo S)
Pseudo, pronom : Bones (he/they)
L'ACQUA FRESCA, DEVON. 8430483fe8d5a8213a7687165629f893fe8ec6f5
Pronoms : Il.
Age : Trente-cinq hivers déjà passés ; encore un arc de vie où il continue de tirer sur la corde.
Activité : L'ironie de ce monde a voulu qu'il devienne menuisier ; après avoir été au placard longtemps, le voici à en fabriquer selon les périodes.
Statut : Divorcé ; et Lawrence encastré dans le coeur, depuis toujours, même s'il est difficile de l'admettre, que la peur qu'il ne reparte encore est là. Voudrait lui dire de rester, cette fois ; pourtant, il sait qu'il se tairait encore. Plus qu'à voir où ça mènera.
Style RP : Rythme régulier, narration à la 3ieme personne (avec parfois du "je"), dialogues en fr, entre 300 et 800 mots en général, parfois plus, rarement moins.
Thèmes récurrents : Colère interne, pensées dépressives & noires, réflexions narrative acerbes, mélancolie, évocation possible de mutilation dû au travail, divorce, ...


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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Lun 16 Mai - 20:21

TW : légendes glauques

Elle trône là ; petite et discrète ; d'avec des détails qu'il a reproduit au mieux, depuis le dessin qui lui avait été confié ; un vieux loup de mer qui avait déposé dans ses pognes des souvenirs d'antan ; qu'avait fait de son mieux ; et Devon qu'avait redessiné un peu par-dessus, pour confirmer le tout. Un regard sur cette figure connue en ville ; de cette même façon que lui, d'avec les mauvais regards sur la carcasse ; et autant avouer qu'il avait été surpris de l'y voir, ce gars-là ; sans sentir le moindre regard déplacé ; d'avec juste ce dessin et des précisions à apporter ; et cet air lointain, aussi, surtout. Ouais, elle est là, pleine d'une histoire si forte que Devon ne se doute de rien ; devine un peu ceci dit ; connaît l'histoire, de très loin ; la tête qu'il a perdu ; et ça l'agace à chaque fois un peu plus ; comment peut-on être si mauvais, d'avec les autres ?

Dans l'atelier, il est en pause ; perdu un peu dans ses pensées, alors Dev a arrêté, pour éviter de se blesser encore ; n'a de cesse en ce moment ; et ses mains ont déjà assez de cicatrices comme ça, de partout ; l'impression parfois d'être un zèbre ; puis de rire de cette pensée. Mais il est interrompu, ce rire ; par un drôle de bruit ; qui perce la pluie, qui parvient à l'arracher de ses pensées ; c'est que le bruit, il ressemble pas à ceux que la forêt fait parfois, comme si elle poussait un gémissement plaintif, qu'elle vivait au travers des êtres qui l'habite, au travers des feuilles soufflés, au travers de la pluie qui fait comme un tamtam permanent, sur les feuilles, qui glissent et se tapissent dans le sol ; et aucune boue, aussi forte soit-elle, ne fait ce bruit-là.

Alors, ça l'intrigue, Dev. Y'a le bout de son nez qui se pointe, proche de la pluie qui chantonne, à tomber comme ça, en continue ; et qui fait comme un autre bruit inconnu, ou plutôt, d'un qu'a pas sa place ici ; pas de taule apparente, sa bagnole de planqué dans son abri ; alors, c'est qu'il y en a une autre ; et soudainement, la peur vient à s'emparer de lui ; et Dev part de son abri, à la recherche de l'accidenté ; trouve alors finalement la voiture en parfait état ; et son propriétaire dedans, pareil ; quoique. La bagnole a beau tenter de chasser la pluie de son pare-brise, elle tombe en continue ; laisse entrevoir le visage de son conducteur que de manière éparse ; mais ça suffit, à le voir ; il est pas vraiment là. Et il aurait jamais cru que ça pouvait être si flagrant ; et les gouttes qui tentent de s'emparer de sa propre carcasse ; ont-elles fait pareil, d'avec l'ancien soldat ?

Quelques pas, approche doucement ; tente de regarder dans la direction qu'est fixée par celui coincé dans sa ferraille roulante ; n'y voit que la forêt ; mais on dit souvent qu'il s'y cache, dedans ; que les arbres ont ces allures de sirène, qu'ils chantent les louanges de leurs propres racines, qu'ils invitent à se coucher à leurs pieds et naviguer alors dans leurs eaux à eux ; de faire des os une offrande ; une qu'il lécheront jusqu'à la moelle, qu'ils dévorent d'avec le silence propre à la Mort ; faucheuse qui s'en vient tout doucement et qui s'empare du vivant, pour nourrir la terre ; on dit que sans offrande à la forêt, on pourrait ne jamais en revenir, qu'on se laisse tenter par tout ceux qui s'érigent de là, qui borde le ciel de leurs feuilles ; de cette cime si belle qu'on voudrait continuer à la regarder ; on dit que des gens disparaissent, comme ça ; et on dit aussi que des gens sont fous, dans cette ville. Lentement, le doigt percute le carreau de la voiture, comme pour tenter de trouver l'attention de celui qui se fait appeler, par la forêt. "Aron ?" Qu'est-ce que vous voyez, au loin ?

Qu'est-ce que les gouttes dessine ?
Qu'est-ce que la forêt vous chante ?

Aron De Saegher
Aron De Saegher
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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Lun 16 Mai - 21:36

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l'acqua fresca

tw: cigarette, deuil, hallucination, évocation de spt

ils avaient agité une lampe torche devant tes yeux vides,
quelques semaines en hôpital militaire.

et puis tu étais rentré.

c'était il y a bientôt quinze ans.

earl jouait à tes pieds, sur le tapis du salon, et toi — toi tu étais resté planté devant la télévision pendant des jours durant. des mois, peut-être même, par bonne mesure. l'époque, à toi, te semblait lointaine et confuse. il n'était déjà plus là. et tu étais resté assis sur le canapé, sorti mécaniquement chaque matin faire ton tour du quartier. pour revenir au même point à heure régulière, et oublier ta propre existence. parce que tu étais en vie. et pas eux, pas le reste. il avait fallu que tu t'en sortes. il fallait toujours que tu survives. quelque part dans l'univers, une étoile veillait à ce que tu regardes le monde se déliter au ralenti.

ils avaient agité une lampe torche devant tes yeux, la tête à l'envers et les cheveux poisseux. ça, tu n'en savais rien, à vrai dire. le dernier souvenir, c'était celui du pare-brise éclaté comme un ciel étoilé.

et les yeux rouges de la bête.

elle te regardait à nouveau de toute sa hauteur.
dix années en arrière.

quelqu'un avait ouvert les vannes, ces dernières semaines.
et les vieux monstres qui dormaient sous le lit avaient pris leur temps pour ressortir au grand jour. c'était à prévoir. tu aurais dû prévoir. les maux de tête, les emmerdes. l'accident de ton frère, les médicaments abandonnés sur le comptoir de la cuisine, le silence ténu de ton meilleur ami. et puis il était parti.

cela faisait trop longtemps que tu avais arrêté de dormir.
les essuie-glaces continuaient de battre au rythme de ton coeur en perdition.

la bête n'avait pas bougé.
et tes phalanges blanchies à la chaux, et tes paumes moites.

trois petits à-coups contre la vitre, et trois petits à-coups contre le titane cousu dans ton crâne. la cicatrice était un vestige trop visible de ce que tu avais fait, ce jour-là. on ne l'oublierait jamais. on ne t'oublierait jamais. dans le coin de ton champ de vision, tu devines le visage penché du grand blond. micros mouvements de tes yeux qui ne veulent pas se détourner, ne peuvent pas se détourner. si tu arrêtes de le regarder, il va fuir. il va disparaître.

le mégot pend au coin de tes lèvres.
est-ce que tu rêves ?

il souffle ton nom assourdi par la pluie et la vitre trop épaisse. mais la mince ouverture en haut est assez pour l'entendre. aron. c'est toi, tu t'appelles aron. c'est toi. tu ne t'entends pas, pourtant. parler. ce n'est pas toi. peut-être que tu ne t'appelles plus aron, finalement.

ils avaient tous ou presque dit la même chose.
que c'était dans ta tête, que tu l'avais rêvé.

qu'il n'y avait jamais rien eu au détour d'un virage.
que ton cerveau te faisait déjà des tours, à l'époque.


pourtant tu n'avais jamais revu la bête — mais elle était là.
tu n'es même pas sûr que ce soit vraiment toi, alors.

toi qui tâtonne d'une main pour ouvrir la portière derrière laquelle se tient l'artisan.
ou toi qui sort lentement, sans le regarder, toujours vissé à un point invisible.

mais ta respiration est audible dans les gouttes de pluie qui s'écrasent désormais sur ta casquette élimée et les boucles brunes qui en dépassent. il ne faut pas cligner des yeux.

le cervidé te fixe.

tu as encore tué ton coeur.

Devon Davis
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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Lun 16 Mai - 23:43

TW : tentative d'aide à personne en crise

Le silence ; jamais tout à fait. C'est comme si c'était encore la forêt, qui venait à répondre ; puis juste ce cliquetis qu'annonce la suite ; alors le blond se recule légèrement, pour laisser à la porte toute la latitude pour s'ouvrir ; observe Aron qui ne le regarde pas, qui fixe ce même point sans s'arrêter ; et il ressent comme il a froid, Aron, tout à l'intérieur de lui ; suffit de voir comme il est brûlant pour comprendre qu'il est en train de se battre, intérieurement, contre ce long souffle qui se fait dans la colonne vertébrale, contre ce serpent qui s'enroule et lui broie. Et Devon, il sait juste un truc, juste qu'il faut éviter les contacts physiques d'avec les gens qui voient des trucs que les autres voient pas ; parce que, justement, il sait pas ce qu'il peut fixer ainsi, Aron ; peut-être est-ce la Mort elle-même qui vient à lui demander de se poser au pied d'un arbre. Alors il reste à ses côtés, laisse le ciel lui pissait dessus et puis revient fixer ce point, entre les arbres, s'accroche à l'écorce qu'il ne distingue pas correctement, la faute à cette eau qui lui rentre dans les yeux, qui lui fait cligner si souvent les siens.

Une hésitation ; puis il se dit que jamais personne passe dans ce coin, si ce n'est pour le voir ou sortir de la ville ; et c'est rare qu'on en sorte. Alors, le véhicule peut bien rester ainsi, qu'il gênera personne. "On peut y aller." Qu'il propose, parce qu'il le sent, cet interdit qui lui déchire l'échine, cette respiration lourde et erratique, qui semble prête à se faire la malle. Alors, Dev, il tente ce fameux coup de poker. "On peut aller la voir." La ; il sait pas trop bien ce qu'il désigne. Mais il sait que pour éviter un choc à Aron, il pourrait justifier ce choix-là, aisément ; la chose, la bête, la femme, l'ombre, la mort... Suffit de pas trop s'avancer, d'éviter de marcher sur les braises, de prendre les chemins d'à côté, de laisser Aron mener pour le moment la barque, de s'assurer juste de rester à côté, pour être sûr qu'il aille bien, qu'il ne sera pas en danger ; et peut-être qu'il pourrait finir par comprendre ce qui se trame, dans les bois ; qu'il entendra à son tour le chant.
Aron De Saegher
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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Mar 17 Mai - 9:54

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tw: cigarette, deuil, hallucination, stress post-traumatique

récemment, tu avais arrêté de respirer.

l'affaire était complexe, parce qu'il fallait bien reprendre son souffle discrètement, une ou deux fois par jour. tu profitais de cette heure entre chien et loup, avant de replonger. ce n'était jamais assez.

le moteur tourne toujours, paresseusement.
tu as battu des cils, quand il a repris la parole.

tu as fauté.

les yeux trop bleus se posent une fraction de seconde sur devon. retour à la réalité. tu les détournes. il a la voix trop douce, et toi, tu es trop lent. trop lent pour saisir ce qu'il te dit, trop lent pour comprendre le poids des mots. on peut aller la voir. la tête se retourne à nouveau.

le cervidé a disparu.
aller-retour.
ton coeur s'emballe.

aller-retour.
entre le visage de l'artisan et la forêt toute entière.

on peut aller la voir.
ça veut dire que tu n'es pas fou ?

"tu l'as vu ?"

ta voix sonne comme celle d'un enfant, étrangement.
mais c'est ta voix.
elle est bien à toi.

les gouttes de pluie dégoulinent sur les flancs de ta casquette.
tu n'es pas sûr de tout ça.

tu secoues tes mains, sans t'en rendre compte.
une légère grimace.

c'est les fourmis.
l'impression d'être engourdi.

de ne plus être sur la bonne ligne, sur le bon fil.
tu fronces du nez.

et tes yeux cherchent la bête, de loin. en vain.
elle est repartie.

c'est comme un frisson malsain dans le bas de ta nuque.
tu n'as pas fait attention à ne plus respirer.

alors ta cage thoracique continue de se soulever et s'abaisser dans un mouvement erratique. tu enlèves ta casquette, glisse tes doigts dans tes boucles, l'impression de marcher au-dessus du vide. un sourire maladroit. quand tu enlèves ta main de tes cheveux, le bout de tes doigts tremble. tu n'y fais pas attention.

le mégot est tombé de tes lèvres.
tu n'y as pas fait attention.

regard hagard.

la pluie s'écrase sur ton front.
et c'est drôle, on dirait presque que ce n'est pas réel.

tu regardes autour de toi.
un homme, une voiture encore en marche, un chemin, la forêt.
au loin une maison et un atelier.

et puis la pluie.

deux mètres entre vous deux.
tu écrases ta casquette dans ta paume.

"je suis désolé-"

c'est l'instinct qui reprend le dessus en premier.
le frisson logé dans ta colonne vertébrale ne veut pas finir de sortir de ton corps, et c'est comme une décharge électrique en attente, là, sous ton crâne. il y a un générateur entre tes omoplates, et tu ne sais pas comment le vider. tu fronces encore du nez.

la bête est partie.
il est parti.

elle est revenue dormir derrière toi, la nuit.
tu t'es simplement égaré sur un chemin dans une forêt.

Devon Davis
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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Mar 17 Mai - 18:14

TW : tentative d'aide à personne en crise

Il a croisé son regard ; rien qu'une seconde ; du bleu dans du bleu. Est-ce qu'il a réussi à l'ancrer un peu plus dans leur monde à eux ? Celui qu'on dit être réel ; celui d'où pourtant les mirages côtoient le vrai. Aron réagit enfin, pose une question d'avec cette manière un peu pressée, de celle qui demande en silence s'il n'est plus seul, à voir le vide. Alors Devon, par réflexe, retourne à la forêt ; mais s'il y avait bien quelque chose, il pleut trop pour lui. "Je... Je ne sais pas, je ne vois pas grand-chose avec la pluie." Ne pas le mettre tout ce suite en déroute ; ne pas lui dire qu'il n'avait rien vu, en vérité ; mais c'était comme vouloir croire en les songes d'un gosse, l'encourager dans l'espoir de le voir grandir au bout de tout ça. Il ne sait pas bien s'il fait comme il faut, Dev ; mais il aura essayé, au mieux qu'il pouvait.

Qu'est-ce que t'as vu, Aron ?
Qu'est-ce qui dansait, sous la pluie ?


Un regard sur lui encore ; et des excuses qui tombent. Comme si, finalement, Aron était de nouveau là ; avec lui. "Ne le sois pas." Qu'il dit, d'avec sincérité ; parce qu'il ne croit pas que ce soit de sa faute, s'il s'est arrêté ainsi, s'il a perturbé le chant de la forêt et de la pluie ; si la nature a râlé plus fortement, en drachant plus encore ; ce n'est pas grave. Bout de sourire, comme s'il avait cessé d'être en apnée. "Viens, on va aller se réchauffer." Parce qu'ils sont trempés, désormais ; qu'ils ont le droit d'en avoir assez, qu'on leur pisse dessus ; puis le bruit de l'eau qui tombe sur la ferraille, c'est désagréable quelque part. Alors il lui fait un signe, ne sait pas trop s'il est capable de reprendre la route. "Tu peux laisser la voiture ici, si tu veux. Jamais personne ne passe." Ou alors, ça serait Noël ; et à ce qu'il sache, les gouttes ne sont pas des grelots.
Aron De Saegher
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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Mar 17 Mai - 20:06

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mais il faut s'excuser.

tu gardes le poing serré sur la casquette élimée, car si tu le détends, ta main reviendra comme elle l'a tant été ces dernières semaines. instable et fautive. tu as du pétrole qui t'englue l'arrière du crâne, et tu t'excuses. car c'est ce qu'il faut faire. c'est ce qu'il faut faire, normalement, pour avoir l'air humain, avoir l'air de reprendre le pas. il faut s'excuser et sourire et disparaître et attendre que ça passe. et puis fouiller le placard à pharmacie, ou au moins sortie une bière du frigo. trois fois rien, même une cigarette. tout pour ne pas péter les plombs. tout pour ne pas sauter à la gorge du premier venu, ou casser les murs en cartons. tu as l'impression de l'avoir entendu quelques fois, dans les discussions sur les pas de porte. quand on murmure dans ton dos. il n'est pas dangereux pour les autres, parfois un peu pour lui-même. mais devon n'a pas dit non. il y avait quelque chose, peut-être, de l'autre côté du fossé. pourtant tu te fais rattraper par la rationalité et la réalité. on te l'a trop dit, on te l'a trop fait. c'est ta tête, c'est ta tête, c'est ta tête qui est cassée.

des gouttes d'eau sur tes cils.
le mégot dans la boue.

tu souris.
ça fait combien de temps que tu n'as pas souri ?

comme si ça n'était jamais vraiment bon signe, de sourire comme ça. aussi grand, aussi blanc. c'est une main tendue. tu regardes devon comme un animal fautif. aller-retour. sa silhouette, la voiture. le moteur ronronne toujours. tu ne te rappelles pas de l'enfant que tu es. tu ne te rappelles pas de ton petit pas et d'avoir tenu à couper le contact. tu ne te rappelles pas l'avoir suivi en regardant tes pieds. tu ne te rappelles pas vraiment.

et pourtant tu as fini trempé dans l'entrée d'une bâtisse boisée où tu avais déjà mis les pieds, il y a quelques semaines, il y a quelques mois. et ça sent le pin et le brûlé, un peu le vent et de poussière aussi. ça sent la pluie et le chien mouillé, surtout. tu sens le chien mouillé. boucles brunes collées à tes tempes. tu ne te rappelles pas vraiment. tes mains tremblent doucement, malgré la casquette serrée.

mais ça va, promis.
à vrai dire, ta tête s'est éteinte.

c'est le retour au plus simple,
le manuel de survie.

la boule de goudron te gêne toujours.
ou peut-être que c'est le battement de ton coeur qui résonne contre le métal de ton crâne.

mais le parquet est tendre et dehors la pluie est un souvenir.
tu respires toujours trop fort.
mais les murs t'ont murmuré des comptines.

tu cherches devon du regard.

Devon Davis
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Pronoms : Il.
Age : Trente-cinq hivers déjà passés ; encore un arc de vie où il continue de tirer sur la corde.
Activité : L'ironie de ce monde a voulu qu'il devienne menuisier ; après avoir été au placard longtemps, le voici à en fabriquer selon les périodes.
Statut : Divorcé ; et Lawrence encastré dans le coeur, depuis toujours, même s'il est difficile de l'admettre, que la peur qu'il ne reparte encore est là. Voudrait lui dire de rester, cette fois ; pourtant, il sait qu'il se tairait encore. Plus qu'à voir où ça mènera.
Style RP : Rythme régulier, narration à la 3ieme personne (avec parfois du "je"), dialogues en fr, entre 300 et 800 mots en général, parfois plus, rarement moins.
Thèmes récurrents : Colère interne, pensées dépressives & noires, réflexions narrative acerbes, mélancolie, évocation possible de mutilation dû au travail, divorce, ...


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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Mar 17 Mai - 20:48


C'est comme pour proposer un fantôme de passer par le cadre de la porte, plutôt que de passer en travers ; le voir s'actionner simplement parce que Devon l'invite à le faire ; de le voir couper le moteur et fermer la portière simplement parce qu'il y a un être humain pour le voir ; et se dire qu'il fallait l'imiter, pour survivre, pour que du sel ne soit pas jeté par-dessus l'épaule ; ou pour obstruer les entrées. Alors ils passent celle de Devon sans qu'un autre mot ne soit rajouté ; et il n'a plus qu'à retirer le pull qu'il pouvait porter, qui pue la sciure, l'effort et le coton imbibé d'eau à présent ; le pose au mieux dans un coin ; et puis au pire pas grave, il fera ce qu'il faut pour que le bois survive à cet affreux, refera des soins et puis remettra des produits. Une pogne qui vient à ébrouer ses cheveux, comme si ça allait changer quelque chose, comme si les gouttes accrochées à la profondeur de ses bulbes allaient se décider à les quitter ; mais le geste le rassure, alors qu'il se terne vers Aron ; et se rend compte qu'il pourrait être mal interprété, ce geste de retirer son pull ; c'est que les gens sont remplis de préjugés, qu'ils ont l'égo si gonflés de mal intentions de leurs côtés qu'ils n'imaginent pas qu'on ne soit pas comme eux ; mais l'ancien soldat ne semble pas réagir à la vue de Devon en t-shirt ; ou bien, ne s'en même pas compte ; dans tous les cas, ça va à Devon.

"... Viens, on va faire un feu." Léger signe de tête, alors que le regard de l'autre s'est accroché à sa silhouette ; y va doucement, dans son salon. Récupère un plaid abandonné pour s'essuyer les mains dessus. "Je nous allume ça et je vais chercher des serviettes. Mais tu peux t'installer en attendant, t'en fais pas pour le canapé." Et bien assez vite, il se retrouve à ouvrir la vitre de la cheminée, à pousser les cendres de la matinée ; à la préparer en attrapant de quoi faire ça plus vite, plutôt que de laisser le feu se faire plus naturellement, n'a pas le temps de laisser du temps au temps ; drôle d'expression. Genou à terre, hisse une première petite bûche quand elle peut être mise sans tout étouffer ; et il laisse ouvert, pour que la chaleur se diffuse bien plus frontalement. "Tu peux surveiller, si jamais ça prend pas finalement ?" Ne sait si lui confier une tâche est une bonne chose ; se dit que, peut-être, le feu pourrait comme l'hypnotiser, le sortir de cette transe dans laquelle il semble être. "Je reviens vite, d'accord ?" La salle de bain est rapide à atteindre, située sur le même étage ; et dedans, il récupère la plus grande serviette qu'il est, qui était celle de son ex-mari, parce qu'il aimait à s'envelopper entièrement ; puis une autre, bien plus modeste, bien moins ridicule sans doute. Revient, auprès d'Aron, sans trop savoir comment il le retrouvera ; absent, présent, d'avec le feu, toujours avec la forêt ?

N'empêche qu'il tend la serviette ; et laisse sa main imaginaire, toujours aussi tendue, pour si Aron a toujours besoin de la lui agripper, pour sortir de l'autre monde.
Aron De Saegher
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Pronoms : il/lui.
Age : quarante-et-un ans.
Activité : entre les aides d'état et une maigre paie — docker en dillettante, le dos plié par des caisses pour oublier une carrière d'u.s. marine enterrée depuis longtemps.
Statut : en solitaire, ceux qui ne sont pas vraiment veufs — ça fait dix ans, et il a abandonné la bataille ; il lui ne reste même plus la compagnie d'un vieux frère, trop aveugle pour crier à temps.
Style RP : rythme erratique, env. 500-750 mots par réponse — en français et en anglais.
Thèmes récurrents : alcohol/drugs (addiction à la codéine) — death or dying (accident de la route, mort d'un.e proche) — depiction of war trauma (engagement dans l'armée américaine, déploiement en irak, SPT) — abuse/child abuse (trauma générationnel, absentéisme) — ableism/ableist language (symptômes d'encéphalopathie traumatique chronique) — internalized homophobia (refus d'évoquer son attirance).


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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Mar 17 Mai - 21:50

don't worry if it's a cold night, 'cause we all go up in flames. / ft. @devon davis / codage + icons (c) alcara.
l'acqua fresca

tw: stress post-traumatique (anxiété/dissociation), deuil

tu détestes les ordres.
il penche la tête vers la cheminée dans le fond de la maison.

ça te démange toujours, au bout des doigts.
t'as des fourmis et ça tremble tout seul.

et toi, t'as l'impression de regarder la vie au ralenti.
un film en super 8 qui passe devant tes yeux.

c'est dur, si dur, de ravaler ta salive.
et c'est dur, si dur, de renifler l'odeur du bois, et de l'entendre dire:
je nous allume ça.

retour en arrière.
quinze ans.

des montagnes.

tu bats des cils, et marches comme un automate. tu détestes les ordres. t'as jeté garrett hors de chez toi pour moins que ça. pourquoi tu t'assieds, alors, chien mouillé ? tu dégoulines doucement au milieu du salon. ta veste en jean et le col en velours troué d'usure sont des éponges assombries par l'orage.

tu n'as pas vraiment fait attention.
il paraît qu'il y en a qui parlent mal de l'homme qui te fait dos et se bat avec des allumettes.

tu n'as qu'un vague souvenir. peut-être que c'est l'avantage, au moins, de la balafre qui court sur ta tête et se meurt proche de ta tempe. tu oublies si facilement les mauvaises choses que disent les gens. mais l'allumette craque et le bois clair aussi. et tu l'as suivi du regard, silencieux, tu as hoché la tête comme un chien bien élevé. ton souffle ne s'est pas calmé. ça se soulève et ça s'abaisse avec trop de force, toujours, sous les couches trop épaisses. devon file ailleurs. et tu essaies, comme un enfant, de secouer tes mains pour en chasser les insectes sous ta peau.

le feu a été trop pressé.
un tasseau craque doucement.

ton aorte se fêle aussi.
c'est une nuit froide au printemps d'une autre décennie.

il fait la gueule.
tu as dormi dehors.
le feu est mort dans la nuit.


tu fermes les yeux avec force,
parce que la fumée les a piqués.

ou peut-être autre chose.

avant de relever le nez vers ton hôte.
tu n'as jamais vraiment fait attention. paraissait que son père avait été du même bois que toi. parti trop tôt, lui. et ta main fébrile chasse quelque chose au coin de ton nez, et des tes yeux en lacs salés. tu renifles, toussotes, et te permets une manoeuvre que tu n'aimes pas laisser entrevoir, d'habitude. tendre tes mains devant toi.

on dirait des saules pleureurs secoués par le vent.

"fuck me..."
un souffle sous ta barbe.

tu te forces à cligner des yeux, renifler, essayer de reconnecter.
tes vêtements sont trempés. devon tend une serviette que tu finis par attraper avec un remerciement mal articulé, à peine audible. essuyer tes mains humides. tu t'es lentement ramassé sur toi-même. l'envie de disparaître, de se faire tout petit. tu as laissé de la place au propriétaire des lieux.

loin, loin, le héros du lycée.

tu souris en dévoilant les canines.
ça n'a jamais rien de bon, les canines.

"it's... uh... it's a-"
tu fronces les sourcils.

en train d'essayer de te justifier et d'expliquer ce qui est arrivé.
en train d'essayer d'avoir l'air normal et en contrôle.

on pourrait croire aux mensonges.
les gouttes d'eau sur ton visage ne sont pas toutes tombées du ciel.

Devon Davis
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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Jeu 19 Mai - 22:27


Devon se pense pas incisif ; tente de proposer des choses, de voir s'il est réceptif ou non ; tente. Il ne sait pas bien ce qu'il en est, fait juste ce qu'il faut pour les réchauffer, pour tenter d'effacer les tourments de la pluie ; et ça sera bien sa seule prétention, celle de faire attention aux corps, à défaut de pouvoir faire quoi que ce soit pour le reste. Alors il la tend, cette serviette, alors que la chaleur a beau se diffuser, elle ne sait rien faire encore pour ces deux-là, encore mouillé comme des clébards qu'on aurait abandonné dans une tempête, à sauver les meubles en premier plutôt qu'eux. Ouais, vraiment, ils ont pas fières allures ; et façon, la fierté semble avoir fait ses valises ; Devon en est dépouillé depuis longtemps ; dépossédé de bien des émotions ; faisait beau ce jour-là.

Y'a un truc qui a été dit dans la barbe du soldat ; mais il a pas entendu, se contente de tendre la serviette, de se perdre dans l'attente de l'instant, de lui laisser tout le temps de l'accepter ; et puis le tissu quitte ses doigts ; et il s'éloigne lentement, pour lui laisser tout son espace ; retourne près du feu, pour veiller dessus, se poser à côté, en retirant ses pompes et ses chaussettes, pour laisser le tout sécher ; et qu'importe si on peut remarquer ses écorchures à lui ; l'ancien soldat a dû en voir des bien pires. La serviette autour des épaules, la tignasse qu'il a ébouriffé pour en virer le plus d'eau possible. Et l'attente, simplement.

Des mots ; une tentative ; rien qu'une vois, en fait. Un filet ; et la tête qui se tourne vers l'autre. Des mots qui se font mâcher, qu'arrivent pas à sortir ; et Dev, il sait pas bien s'il doit l'encourager à continuer, ou simplement le laisser ainsi, à tenter de s'en sortir seul ; à son rythme ? Décide de fermer sa gueule, de regarder un instant le feu, avant d'en revenir à l'invité mystère ; qui arrive pas à parler ; c'est clair, à présent. "T'aimerais d'un café ?" Qu'il demande, alors ; dans un bout de sourire qui dévoile aucune dent ; foutue habitude ; foutue honte. Et il pose simplement cette question, sans rien rajouter, qu'il ait juste à secouer la tête pour donner une réponse. Et d'aviser ensuite ; de rester près du feu et lui donner plus jolie allure ; ou se lever et aller le faire, ce café proposé.
Aron De Saegher
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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Dim 22 Mai - 9:13

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ça bute, et ça se mélange.
c'est toujours comme ça, quand tu essaies de te justifier.

personne ne t'a demandé de reprendre le fil.
mais il faut le faire. il faut le faire, garder la face.
rien n'est arrivé.

la serviette traîne dans tes mains.
et tu n'as pas idée d'essorer les cheveux qui gouttent doucement.

battements de cils, battements de sang.
tu fronces du nez.

devant toi, le feu.
quelque chose pince au fond de ta cage thoracique.

devon s'est lentement installé dans sa propre demeure, et tu n'as même pas enregistré les informations. ton regard qui un instant tombe à ses pieds. trou béant. ce sont des choses qui arrivent. tu sens dans le tissu éponge tes paumes encore instables, cachées sous les couches que forme la serviette. et c'est tout le reste de ton corps, en dormance, dans ce même état de fausse catatonie. parce que tout tremble sous ta peau. tu le sais. mais c'est sous ta peau, alors ça grouille sans que tu puisses t'en débarrasser. et les flammes crépitent tendrement dans l'âtre, et toi ; toi, tu ne sais plus vraiment ce qui est vrai et ce qui est faux. l'image tourne en boucle dans le fond de ton crâne. les grands bois, les yeux rouges. la silhouette dans l'ombre.

tu souffles doucement. en essayant d'activer chacun de tes muscles. golem enrayé. pour essayer d'absorber l'eau qui tombe encore, celle qui s'est imbibée dans ta barbe brune. mais tu renifles, et tu ne veux pas croire. tu ne veux pas croire que tu es responsable d'une partie de cette pluie. malgré les grands bois, et tes yeux rougis.

devon ne semble rien relever.
tu sais, à force, désormais.

tu sais les politesses des inconnus.
de ne rien voir.

tu fais la même.
tu fermes les yeux, pour que chacun oublie son poids, pour pouvoir dire ; je ne t'ai pas regardé, ne me regarde pas. mais le chemin est aveugle et dangereux. et de tous les sentiments qui pourraient étreindre ta gorge, il faut que ce soit le plus vert qui l'emporte.

la honte.

tu croyais pourtant avoir arrêté d'avoir honte.
on n'a plus honte, quand on a survécu.

pourtant, c'est avec honte que tu regardes ton hôte quand il te propose une boisson chaude. pourtant, c'est avec honte que tu hoches la tête. avec honte que tu essayes d'essuyer vivement ton visage. avec honte, que tu regardes le feu au creux de la cheminée.

tu es forêt.
le magma noir colle toujours à ta colonne vertébrale.

"thanks- for the..."
ça roule comme du gravier dans ta gorge.

et tu finis juste par vaguement soulever la serviette pour compléter ta phrase.

tu es ridicule.
ça tremblait jusqu'à ta pomme d'adam.

mais la maison sent le pin et les cendres chaudes.
une vieille odeur oubliée.

tu serres les dents.
il faut réussir à éteindre la lumière.
et dormir avec des monstres.

tu toussotes, comme si rien n'était jamais arrivé.

"you... uh- you finished... the box ?"
comme si rien n'était jamais arrivé.

au détail près que tu t'essouffles en deux mots, peut-être trois.
et pose des questions trop évidentes.

tu ravales ta salive comme on essaierait d'avaler des couteaux.
ça n'a jamais été inné, respirer.

Devon Davis
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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Lun 23 Mai - 11:06


Serviette soulevé ; et quelques mots encore auparavant.
Signe de tête, l'air de lui dire c'est rien ; parce que vrai que c'est rien ; rien qu'un bout de tissu ; rien qu'un truc pour s'éponger mais qui réchauffera rien ; les vêtements leur colle à la peau ; ça fout pas de baume à l'âme, une serviette. Alors y'a juste ce geste ; juste pour dire c'est rien ; et l'odeur du café bien assez vite qui viendra remplir l'air de la cuisine ; des frissons qui se collent à la peau du menuisier ; le froid qui s'empare de lui ; qui le quitte rarement en vérité.

Quelques coups de cuillère ; tapotement ; et le café est tombé dans la machine.

Encore sa voix ; et la phrase qu'est entière, cette fois. Alors Devon se tourne vers lui, en attendant que ça coule, que le liquide noirâtre se fasse ; qu'il soit bientôt le goudron de leurs âmes perdues ; sous la flotte, à l'abord de la forêt, dans les silhouettes des gouttes d'eau. "Oui." L'avait laissé un message ; il lui semble ? Ne sait plus bien, c'est qu'il est lui-même étourdi ; à ce doute qui vient, qu'encrasse ses poumons ; son air ; sa tête ; les pensées noires. Le café est délogé de son carcan, vient à plonger droit dans les tasses qu'il a sorti entre deux paroles. "Elle est dans l'atelier." Plus bas ; et à quoi bon se réchauffer quand il faudra y retourner, sous la drache, sous ce crachat qu'une entité semble s'évertuer à maintenir par-dessus eux.

Tasse tendue, comme la serviette ; hanse qui semble pointer du doigt Aron ; s'était dit que ça serait plus simple à attraper ainsi. "Faudra que tu l'inspectes et me dise si ça te va." Et c'est là que ça germe ; cette idée de lui arracher quelques souvenirs en plus, de cette boîte, pour la parfaire ; pour qu'il se concentre, lui aussi, dessus ; qu'il se perde dans la contemplation du bois qu'on travaille à la main ; petits outils pour des détails qu'ont de l'importance ; elle en a. "J'étais pas sûr, pour quelques trucs que t'avais dessiné. On verra ensemble." Mais en attendant, il se rassoie, pour boire dans sa tasse, pour que les flammes virevoltent tout prêt ; et les fringues lui semblent moins lourdes, un peu.
Aron De Saegher
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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.    Ven 27 Mai - 11:45

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il fallait sûrement beaucoup manquer d'amour pour faire ce qu'ils faisaient.

eux, ceux qui s'asseyaient chaque semaine à la même place, sur la même chaise, dans la même salle communale. pour retrouver les mêmes visages, prier pour retrouver les mêmes visages et qu'aucun ne disparaisse. parce que le néon était blafard et le jus de pomme bas de gamme trop sucré. et il ne fallait pas regarder, pas faire attention, aux mains qui tremblaient.

elles continuaient leur danse bien à elles.
c'était quelque chose dont tu ne pouvais être sûr ;

est-ce que la faut revenait aux chocs ou aux chocs ?
dans tous les cas, ils avaient fait de ton crâne un champ de bataille, et sous les boucles brunes se cachaient le titane et les souvenirs. bien sûr, que tes mains tremblaient encore. tu ne dormais plus depuis des jours.

mais la cabane, spacieuse, sentait le pin et le café, en plus du chien mouillé, désormais. et tu fais comme si de rien n'était. tu les as cachées, les fautives, même si tu sens ton coeur qui court encore trop vite pour les distances qu'il a à parcourir. ça ne se calme pas, et chaque mot est poussé hors de ta bouche avec des efforts de noyé.

tu hoches doucement la tête, et laisses ton regard se perdre sur les flammes.
le feu te donne envie de pleurer, ou peut-être que c'est la pluie, peut-être que c'est la forêt.

devon revient avec l'or brun, et te tend une tasse fumante. tu lui souris, beau menteur. mais tes doigts qui rattrapent maladroitement l'anse te font agir trop vite. la rapatrier sur ta cuisse, pour essayer de la stabiliser. et ça te brûle, même à travers le coton épais du jean. et tu tentes de te concentrer sur ses mots toujours aussi doux et légers. il a l'épaisseur du flanelle.

si tu soulèves à nouveau cette tasse, tu te brûleras.
mais tu l'écoutes en hochant la tête, comme un chien trop bien élevé.

"d'accord- d'accord."
et il s'assoit à son tour, et le feu te regarde, et le café te regarde.
tu fronces du nez, en fermant les yeux un instant.

il pleut toujours.

"merci- en tout cas... pour ça-"
et ça, c'est si flou. ça, c'est la boîte, le café, l'abri.
ta voiture garée au milieu du chemin.

ça sent le feu de bois.
ta main tremble toujours sur ta cuisse.

tu souris.
canines dehors.
les chiens battus.

"... tu l'as vu ?"
la question finit par sortir, trop douce et trop amère.
tu commences à comprendre, tu commences à savoir.

les monstres sont dans la forêt et les monstres sont dans ta tête.
tu l'as vu, ou bien ils avaient raison depuis le début ?
j'ai inventé un monstre et j'ai gâché ma vie.

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  Re: L'ACQUA FRESCA, DEVON.   

 L'ACQUA FRESCA, DEVON.