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 un pied dans les flammes (devon)

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  un pied dans les flammes (devon)    Dim 15 Mai - 1:31

Il fixe l'horizon.
Dans le blanc des yeux.
Il ne sait pas contenir les mots.
A la croisée des lumières, il y a le flash de l'appareil.
Leo ne bouge pas — le cœur à pleines voiles : regarde-toi, le désir lasse.
Il y a le vide, la mélancolie, la confusion.
Bien sûr, le rouge s'effile sur la dernière bougie.
L'histoire se déroule comme un tapis de souvenirs.
Des dates, des étreintes, Luz au sol.
C'est le temps qui piétine.
La passion en désaccord.
Une question de grandeur, c'est tout.
Un mauvais trip voilà.
Je ne l'aime pas, ce serait trop beau.
Ouais, on ne s'aime plus.
C'est facile.

Sans larmes.
Il enchaîne les cigarettes en gardant le sourire. Luz, on l'avouera rien. Sa silhouette fait déjà le deuil de baisers  effacés sur la peau d'une autre. Il est marié pour le pire seulement. Une année dans le brouillard. Une instance imposée. Ce qu'elle ignore, ne la blesse pas. Il part loin mais l'écho résonne encore. Même ailleurs, dans les contrées étrangères. C'est le chaos dans sa tête. Une parole tranchante pour combler le vide. La faute à l'alcool. La flamme se condense dans ses veines. Il fait craquer une allumette en dévalant les marches. Le bitume crisse sous la semelles de ses chaussures. Un appel à rejoindre les éléments. Maintenant, les voiles tombent. Il y a un millier d'orage dans sa poitrine. Des piqures d'aiguilles sous les arcs de ses côtes. Leo suspend ses mouvements. Il s'enlise dans les arabesques de la nicotine. Des formes nébuleuses, qu'il dessine du bout des lèvres. Il porte le masque de l'arrogance pour parfaire ses illusions. Leur amour fini comme il a commencé. Avec cet effroi qui serre les veines. L'impression de naufrage dans une poésie qu'on s'invente pour profiter du voyage le long des berges de l'enfer. Le chants des sirènes se casse avec le ressac, comme un mouvement d'accordéon qui expire bien plus d'air qu'il n'inspire. Il se plie dans les corridors, pinçant la bouche pour étouffer tous les sons d'exaspération. Le téléphone vibre encore : des messages d'elle, de Jill, du boulot. Le tourbillon engendre le tourbillon, Leo se perd dans ses propres ravages. Il hausse les épaules, désinvolte alors que le mégot arrive à sa fin. Il est en manque déjà. La chaleur de la tige fait défaut aux élans de ses mains. Il ne sait plus quoi faire de sa posture. A nu dans la rue, il se rend compte qu'il ne pourra plus jamais vivre sans se sentir complet. Le ciel s'éclaire pour mieux trahir les entailles sur son arcade. Une bagarre sous l'impulsion d'une colère qu'il n'explique pas. Leo essuie les revers de ses tempes avant de s'engouffrer dans la galerie marchande. Il passe devant les insignes lumineuses. Les néons aveuglent ses rétines fatiguées. Il pousse la porte et pénètre dans l'antre de Deer Creek. Un bar pour habitués, des profils familiers qui s'alignent le long de goulots bruns. L'apocalypse l'attend là, accrochée au bras d'un meilleur ami aux mœurs variables. Ils s'oublient souvent, d'aventure en aventure, le long de sentiers de pierre. Leo fait mine de désolation. Il se rapproche de la carrure imposante de Devon. D'abord, il le secoue puis il fini par imposer le contact. Epaule contre épaule, c'est une collision plus qu'une étreinte. — Lève ton verre pour moi. J'ai revu Luz. Et je suis entier de partout. Tu peux vérifier. Le clin d'oeil est suggestif. La taquinerie rend les échanges terriblement frustrant. Toutes les confessions tournent à la dérision. Ils accumulent les bobos au cœur, et pourtant, pourtant, tout se transforme en déni. Ils se contentent de s'amarrer dans les méandres d'anciennes romances. L'alcool est bouclier contre l'aigreur des éléments. Leo en avale déjà un shot. Pour mieux canaliser ses peines. Une perte de contrôler pour mesurer la tonalité de l'instrument saignant au fond. Il fixe Devon, la quiétude est étrange. Il se sent enfin à la maison. De retour, après tant d'exodes. Il y a un repère dans le noir, un point d'ancrage dans ses envies d'évasion. Il est malade de départs. Il est obsédé d'absences. C'est toujours mieux comme ça. Leo agite les cheveux avant de rétorquer : — Sinon, j'ai fais le test de personnalité Sex and the City que t'as conseillé. A mon plus grand désarroi, je ne suis pas une Carrie! Lui qui aime tant l'attention, il n'est au final pas à l'affiche. Il minaude en retirant sa veste de cuir. Les vibrations de la musique s'estompent. Il a l'impression d'être seul au monde. De se tortiller dans le néant dans une pièce ou les autres lui sont parallèles. Devon, toi aussi tu ressens ça ? Maintenant que Luz l'a démasqué, il anticipe la déchirure. Cette coupure finale entre eux. Il s'y prépare. Il faut qu'il appréhende. Cette fois, si elle ne lui pardonne pas : game over.
Devon Davis
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Pseudo, pronom : Bones (he/they)
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Pronoms : Il.
Age : Trente-cinq hivers déjà passés ; encore un arc de vie où il continue de tirer sur la corde.
Activité : L'ironie de ce monde a voulu qu'il devienne menuisier ; après avoir été au placard longtemps, le voici à en fabriquer selon les périodes.
Statut : Divorcé ; et Lawrence encastré dans le coeur, depuis toujours, même s'il est difficile de l'admettre, que la peur qu'il ne reparte encore est là. Voudrait lui dire de rester, cette fois ; pourtant, il sait qu'il se tairait encore. Plus qu'à voir où ça mènera.
Style RP : Rythme régulier, narration à la 3ieme personne (avec parfois du "je"), dialogues en fr, entre 300 et 800 mots en général, parfois plus, rarement moins.
Thèmes récurrents : Colère interne, pensées dépressives & noires, réflexions narrative acerbes, mélancolie, évocation possible de mutilation dû au travail, divorce, ...


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  Re: un pied dans les flammes (devon)    Dim 15 Mai - 2:20


Le ok qui résonne ; comme une nouvelle sentence ; comme s'il aurait dû être là dès le départ ; dès son départ. Rempli d'une chaleur qui brûle la chair, dévoile dans la cage le coeur en sursis ; à pris pour perpétuité et semble s'en être accommodé ; se raccommode d'avec quelques morceaux, laissés ci-et-là ; d'avec les mots qui rassurent, de ceux qui disent c'est mieux ainsi. Alors Dev retourne s'échouer au bar, là où il traîne toujours quand Leo est en ville, quand il sait qu'il y a une chance sur deux de l'y trouver ; mais il sera seul pour ce soir ; marin d'eau douce, en comparaison du pirate qui s'est sabordé tout seul ; mais un jour, Dev saura lui dire qu'il comprenait ce choix qui avait été le sien ; lui dira, d'avec une pogne dans le dos ; ou bien sur l'épaule, qui lui serrera lentement ; d'avec cette souffrance que fait naître le coeur ; coupable idéal, mais toujours de sa faute à lui, pour sûr.

Arrimé au comptoir ; pas de tempête en dehors ; seule sa mine basse ; et son allure de celui qui a vécu une sale journée ; trop de choses ces derniers temps ; un divorce à digérer ; et désormais un ex en ville - et s'il était honnête, Devon dirait que c'était bien là le seul qui avait vraiment compté. Celui à qui il avait voulu donner tord, en se mariant dans cet état qui avait été fuit, d'avec cette idée de lui dire, en agitant les doigts que ça y est, c'était possible pour deux hommes de se marier ; mais Lawrence n'était jamais revenu, durant ces sept belles années ; supposées belles, en tout cas. Des soupirs qui s'engouffrent le creux de son goulot, qu'annoncent que c'était peut-être finalement pas tout à fait la vérité ; qu'elles avaient peut-être était un peu fades ; mais Leo peut comprendre que tout vaut mieux que la solitude ; qu'elle écorche les échines et les dépossèdent de ce qu'ils ont de plus précieux ; qu'elle fait d'eux des êtres pas si appréciables ; et capables de rire du pire, pour ne pas voir combien ça pouvait faire mal.

Et suffit de le voir débarquer, enfin ; la tronche fatiguée d'exister ; son épaule qui semble même plus si franche. Et le regard qui se pose sur le fantôme d'à côté, qui dit avoir survécu ; alors que Dev, il sait ; cette part de lui qu'il a dû laissé à Luz, de manière définitive ; et sans doute qu'ils n'en parleront même pas ce soir. "L'inspection se demande ce que c'est cette arcade ouverte, alors." Qu'il désigne, d'un doigt tendu, qui a daigné se détacher de sa bière, celle qui fait trois plombes tant il est plus occupé à souffler dans le goulot qu'à le porter à ses lèvres. Avise encore Leo, à ses gestes, à ses paroles. Souffle un rire, un qui vient du plus profond de son coeur, plein de meurtrissures ainsi. "Je savais que t'étais une Charlotte." Plus à l'opposé, on ne pouvait faire ; pour sûr qu'accolé, on avait plutôt Samantha et Miranda ; mais Leo n'était ni blond, ni roux. "Façon, c'est pas plus mal, qu'il commence à dire, soulevant finalement la bibine, Mr Big est qu'un con." Pour sûr que Carrie méritait mieux ; tout comme son ami, même s'il a joué au con et qu'il a menti à la seule personne pour qui il n'aurait pas fallu.

Une pogne qui se lève ; qui fait ce geste qui dit la même chose ; alors qu'il la prend enfin, cette gorgée qu'attendait plus que son acolyte pour enfin trouver le fond de sa gorge. "Elle t'a maudit sur combien de générations environ ?" Qu'il demande alors, Devon ; s'y tente, à aborder, le sujet qui pique. "Si jamais vous faites des gosses un jour, faudra pas oublier de lui dire de la lever, sa malédiction." Et devant le frère, on vient à déposer l'offrande de ce nouveau jour ; comme pour marquer d'une pierre blanche celui où ils se sont retrouvés plus fracturés encore que la veille ; à jamais décousus.
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  Re: un pied dans les flammes (devon)    Dim 15 Mai - 13:17

Ils ne parleront pas des entraves au cœur. Des amours biaisés par la monotonie de Deer Creek. Jaloux, possessif, intenable, Leo se fend dans les crevasses de la forêt. Diastole et systole, il y a une vibration anormale dans son rythme. Un peu de tourmente dans une confession qui barre tous ses vaisseaux. Il pense Luz, il existe Luz. Il s'exile dans ses voyages pour ne pas plonger sous la vague. L'émotion déferle et il se pétrifie au bord de la barque mouvante. Il vient d'ici mais son âme est ailleurs. Des esquisses de lui partout, au travers de reliefs architecturaux et de cultures emmêlées. Un héritage enfoui dans son patrimoine génétique, puis placardées sur les façades de villes historiques qu'il explore pour se trouver une encre. Il est fébrile dans ses explorations, il a peur d'atteindre son Graal. Toute sa philosophie se limite à la concrétisation de la théorie. Il se plait dans la confusion, dans l'absence de sédentarité. Et c'est peut-être là, son nœud, le contraste affligeant. Poser genou à terre, c'est s'admettre vaincu. Rester pour ce mariage, pour cette femme, cet ami. Sa gorge se serre alors que les syllabes s'enlisent dans la musculeuse. Il retient les aveux pour alimenter son échappatoire. Il ne s'agit pas de loyauté mais d'envie. Partir, c'est facile. La pompe s'affole à l'intérieur de sa poitrine. Il voit flou quand les lumières s'apposent dans le décor. L'impact sur son arcade se réveille un peu. Une douleur qui s'élance, tel un prédateur enragé sur un troupeau d'antilopes. Leo se noie dans le verre, il garde le silence pour s'envelopper de sarcasme. L'arrivée de Devon égaye son humeur. Il se tourne si lentement, son corps se berce de mélancolie. Ils ont ça en commun : la déchirure pour les autres. Celui qui part et celui qui reste. Affligés à deux, dans un mécanisme à l'inverse. Il se maintient à flot dans la tempête. Le sourire est somptueux. Une gueule de bagarreur renforce le charme alpha. Il est présomptueux dans ses attaches. Une estime de soi si haut qu'elle brûle sur le soleil.  — Rien de grave. Une valse de convenance. Un peu de véhémence dans une conversation entre compagnons de misère. L'alcool n'y est pour rien. Ce sont mes nerfs, cette fois. Il hausse les épaules. La désinvolture le rend coupable du pire. Il a d'autres maux plus grands, des plaies bien plus ouvertes que cette arcade. Le mal est lancinant instant, mais avec Luz, pour Luz, le spasme reste à jamais. Tu sais elle m'accuse de ne l'avoir jamais aimé. Elle dit que mon cœur n'y est pas. Il ne se défend pas. Il y a de la pudeur dans ses attaques, certaines limitations qu'il ne franchit pas. Leo se concentre sur sa boisson. — Je suis la ville de New York. Le véritable personnage principal. En ruines et flamboyant à la fois. Il taquine en sirotant sa le liquide. Le feu se propage dans son esprit. Il lâche déjà prise, ce soir s'il ne peut pas marcher, il finira sur le canapé de Devon. Ou mieux, à terre, sur un tapis dont l'imprimé se claquera sur sa joue. — Mr Big est con mais qui ne l'est pas avec un surnom pareil. Les Hommes sont tous stupides. Une condition humaine. La fatalité quand l'émotion dirige la raison. Et parfois, la raison même est défaillante. Ils le savent tous les deux. Leo est en tord : il aime à tord, il s'en va à tord, il revient à tord. Il ne veut pas divorcer par vanité. Il s'enlise dans le piège à défaut de s'en extirper. Il n'y a pas de tristesse dans son regard, seulement de la déception. Il est résigné au pire maintenant que le meilleur se délite. Devon, tu me pardonnes toi au moins. Il y a la noirceur de ses traits et celle de son cœur. Les boucles d'ébène, ton sur ton, sur des habits assombris. Il réhausse la couleur par des accessoires argentés. Bijou à l'oreille, autour du cou mais jamais à l'annuaire. Au fond, ce mariage, il ne considère pas non plus. Il en porte les escarres mais pas le symbole. — L'éternité, il semble. Le rire est narquois. C'est comme ça qu'elle le marque. Les autres s'effacent sur ses draps. Seule l'empreinte de Luz persiste. Elle est son poison, la cellule cancéreuse qui métastase en dedans. Il déglutit en bousculant son ami. — Et toi, combien de temps vas-tu te maudire ? Il se fait du mal tout seul. Il s'attache et s'embobine dans ses sentiments. Devon c'est un être du cœur qu'on émiette. Il possède cette sensibilité de vivre. Une beauté dans les formes qu'il crée et façonne. Si même lui souffre, alors le monde est condamné.
Devon Davis
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Statut : Divorcé ; et Lawrence encastré dans le coeur, depuis toujours, même s'il est difficile de l'admettre, que la peur qu'il ne reparte encore est là. Voudrait lui dire de rester, cette fois ; pourtant, il sait qu'il se tairait encore. Plus qu'à voir où ça mènera.
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  Re: un pied dans les flammes (devon)    Dim 15 Mai - 20:31


Rien de grave ; ah, qu'ils sont bêtes ces hommes ; à toujours se battre et puis dire après coup que c'était rien ; comme si c'était qu'un coup de chaud et que la meilleure climatisation dans ces cas-là, c'était de sa castagner. Mais Devon est particulièrement mal placé pour en dire quoi que ce soir ; le sang qui fait un peu trop le tour de son être, depuis le divorce ; depuis son départ. Tente d'apaiser le mal qui hulule dans sa tête ; mais ça marche rarement comme il voudrait ; ah, ces hommes. "Oh, je me demande bien pourquoi tes nerfs sont à vifs, en ce moment." Qu'il balance, d'avec le sarcasme aussi palpable que Leo doit paraître invivable à la terre entière ; cette dernière se résumant à simplement Luz, quand il s'agit de ce frère d'armes ; celles que les maudits coeurs aiguisent d'avec un peu trop de passion. Alors finalement, peut-être bien que c'est vrai que New-York lui sied bien ; qu'il brille tout autant que cette dernière, au grand malheur de tout ses proches ; les emportent dans ces facéties, les entraînent si bien qu'ils finissent par se dire que tout est normal. Un an de tolérance ; et finalement, Jill avait changé de quartier, quittant le coeur de la pomme ; le ver qu'est Devon toujours bien ancré dedans, à pas savoir quoi faire face à tout ce qui se trame en dehors du trognon. Mais il le voit bien ; cette chair qui pourrit ; cette chair qui se meurt ; et son air, à Leo, qui se la joue bien trop fanfaron pour ne pas saigner tout à l'intérieur.

Il rajoute rien ; Leo a tout dit déjà ; et Devon parle toujours mieux d'avec ces silences. Puis, ils ont finalement autre chose à dire ; des sujets à aborder ; à tenter, en tout cas ; mais Leo, il en rit, comme si tout était facile, comme si rien n'était grave ; d'avec cette vanité qu'ont les gens qui estiment n'avoir plus rien à perdre ; et ça veut dire qu'il se sent au pied du mur ; et Devon comprend ce que ça peut être, de se dire qu'on va devoir laisser filer l'être qui compte le plus au monde pour soi ; de devoir faire croire que c'était pourtant pas tant le cas. "C'est long." Qu'il dit alors et presque ça résonne, dans la bière, parce qu'il avait le goulot à portée. Levée du coude ; santé ; si aisée à détruire, parfois ; plus simple que de vivre, en tout cas. Mais déjà Leo s'amuse à faire avancer la partie, à renvoyer la balle, à atteindre l'échoué d'à côté ; qui sait déjà quoi répondre. "Une éternité aussi." Qu'il glisse dans un sourire, d'un sans trop de vie, qui se veut superbe ; ah, drôle de monde que le leur, rempli d'une violence sans nom, de celle qui écorche la peau, sans arrêt ; ils n'y mettent pas de mot ; seulement des noms ; drôle que ça commence à chaque fois par un L ; fichtrement drôle, ouais...

Peut-être bien pour ça qu'ils rient ; sans le faire ; d'avec juste la force de l'habitude, de celle où il est plus aisé de se cacher. "On fête quoi, ce soir ?" Qu'il demande ; après tout, si Leo a déjà commencé à danser, c'est qu'ils sont en période de joie ; d'une à qui on donne tout ; jusqu'à sa carcasse ; jusqu'au moindre de ses nerfs ; les fameux, toujours présent. "À nos désastres ?" Qu'il propose à défaut des mensonges, en soulevant sa bière comme on irait pour lever une coupe, comme s'il y avait bien quelque chose à célébrer ; comme s'il y avait encore quelque chose, de chaque côté. Des étrangers mariés, d'autres qui ne le sont pas ; mais cette même fatalité de s'aimer sans parvenir à le reconnaître ; ou de se dire que ça finira toujours mal, quoi qu'on fasse. Ok, qu'il avait répondu, Lawrence ; et Devon comprend ; voilà bien longtemps qu'il ne se bat plus non plus.

Plus d'avec lui-même, en tout cas ; alors, qu'ils trinquent, oui !

À la faillite des coeurs ; au naufrage ; à eux, simplement.
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  Re: un pied dans les flammes (devon)    Dim 22 Mai - 13:24

Les sentiments se bousculent. La douleur écorche la surface de ses plaies invisibles. Il ne sait pas ce qui cloche, vraiment. Il n'a pas de grand traumatisme pour justifier ses complexes. Il est né avec, cette peur de l'attachement, l'envie de fuir et de se détruire. Il aime de travers et s'aime outre mesure. Une passion néfaste, esquissée sur ses traits ébènes. Leo se redresse, il a l'arcade bouillante et l'âme en sang. Le language de l'amour s'effrite au bout de sa langue. D'ici et d'ailleurs, il a rassemblé toutes les pièces manquantes. Il observe la baie vitrée. Deer creek est flamboyante sous le brouillard. La ville de son enfance et le purgatoire de ses démons. Le soupir se prolonge jusqu'au poumons. Il ressasse les souvenirs, cherchant à tout prix, à s'ancrer dans l'axe de la nuit. He does not belong, he does not belong. La ritournelle résonne comme un écho dans sa tête. — Le meilleur, le pire. Il n'y a pas de balance. J'lui donnerais tout ou rien. Il se noie dans ses mouvements. Le liquide s'effile dans ses musculeuses. Il est parfaitement en alchimie, sobre jusqu'à en devenir fou. Il a un côté sensible, une certaine vanité perdue derrière la façade. Pour Luz, il n'abandonne pas. Et ce mariage, ces mensonges, tout ce qui semble n'être que trahison, est sa plus grande bataille. Il ne flanche pas, campé dans des positions versatiles. Il la rêve, le soir, dans les étreintes du vent. Il respire le parfum de ses déceptions à travers les clichés qui s'amassent dans ses tiroirs. La muse déchue et l'artiste malhonnête. Il lui dérobe ses moments pour la rendre immortelle sur un bout de papier. A défaut de la garder dans le coeur, autant l'imprimer sur les cordes de la chambre noire. Leo sourit, il n'a plus de force dans ses mots. Face à Devon, c'est toujours la vérité avant. Un pacte silencieux entre frères. Il est son plus vieil ami, le faisceau de lumière autour d'une lune moitié ronde, moitié carré. Ils n'ont rien à fêter, si ce n'est la solitude qui brûle leurs veines. Leo essuie le revers de sa tempe. Il rit fort, il rit faux. — A nos damnations ! A nos gueules d'anges et à nos coeurs écarlates ! Ils sont si différents pourtant. L'un soleil, l'autre filant. Leo boit pour se remplir de quelque chose. Le goulot devient mélodique et le son s'arrête. — Dis, le divorce c'est quoi au juste ? La séparation brutale. Y-a-t-il encore une chance si Luz signe les papiers ? Peut-il la retrouver au-delà des sentiers battus ? Au loin, dans ces contrées qu'il explore sans jamais s'en imprégner ? Il serre les dents en détaillant la carrure de Devon. Il voit en lui, ces déchirures. La manière de regarder, de se tenir avec cet anneau qu'il garde en mémoire d'une histoire achevée. Et puis, il y a tant d'étoiles dans ses yeux. Des éclats de mort, de déceptions, et peut-être de regain, de bonheur vernis. — Non non, je veux pas savoir. Parce qu'il se refuse aux réponses. Il n'y a rien pour le faire dévier de sa trajectoire. Luz, c'est elle puis c'est tout. Luz et personne. Il ne conçoit pas les dérives, il ne s'attarde pas sur les réalités. Un peu de déni pour panser les doutes. — Luz et moi, c'est jamais fini. Même qu'il y avec une armée d'amants autour. Malgré la distance et les silences. Leo tamponne sa blessure, le sang s'écaille sur le mouchoir. La migraine commence maintenant. Mais il n'en perd pas son éloquence. — Je ne pars pas avant Septembre. Il a un contrat à l'autre bout du monde. Congo, le continent africain. Il a le temps de conquérir ses batailles. Il peut encore rallumer les cendres et s'oublier dans le brasier. Et toi, Devon ? Tu veux quoi ? T'en a pas marre de construire des tables à deux chaises quand il n'y a personne pour rester ?
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  Re: un pied dans les flammes (devon)    Mer 25 Mai - 17:10


Pas de balance ; Leo est généreux, pour tout ; même pour le pire, pour l'égoïsme crasse et ces peurs qui lui tiennent tellement à la peau qu'il a beau s'ébrouer de tout, elles le lâchent jamais. Devon sait bien d'où ça vient ; et comprend à sa manière ce sentiment de jamais avoir trouvé sa place, si ce n'est quand ils se tiennent ainsi, l'un à côté de l'autre ; mais ça suffit pas ; et Luz représente peut-être bien cette impression de voir trouver une personne qui parvient, à jamais, à l'ancrer à ce monde ; tout ou rien. Peut-être bien pour ça que Devon avait su garder le secret, qu'il avait rien balancé ; qu'il s'était gardé de dire quoi que ce soit ; boucle close sur situation inacceptable ; c'est Leo. Et peut-être bien parce que son propre coeur s'était fait la malle au départ de Lawrence qu'il avait su comprendre ce qu'il en était, quand il est tant accroché à une autre âme ; alors il avait levé un verre, un soir qu'était même pas beau, parce que tapi de mensonges qu'il acceptait d'avaler, en même temps que la gorgée salée ; sûr que l'alcool était amer et avait le goût de poison, de larmes qu'ils pourraient pas verser de garder le secret ; Leo n'a pas divorcé, pas vraiment.

Alors, peuvent bien boire pour leurs damnations, ouais.

Leur réussit mieux que le bonheur, visiblement ; mieux que les belles choses à faire, pour être meilleurs ; gueules d'anges ; auréole depuis longtemps tombées ; six pieds sous terre ; et le verre pourrait être encore haut ; mais il en prendra une gorgée, de ce goulot qui semble l'acculer ; et le malheur qui vient à lui scier les veines, à les faire s'écouler sur le comptoir et le vider de toute énergie ; Lawrence avait dit ok et semblait bien qu'il était reparti à jamais ; sale fin. Une autre qu'on évoque, pourtant ; qu'il avait presque oublié, alors que l'alliance tient encore en otage son doigt ; regard sur Leo qui veut rien savoir, en fait. "Façon, j'ai pas tant de réponse que ça. J'ai l'impression que ça vari, selon les gens." Haussement des épaules ; d'avec Marco, il lui semble pas avoir ressenti grand-chose ; ou rien d'aussi destructeur qu'au départ de Lawrence. Si ça avait été lui, au bout de cette bague... Sans doute qu'il aurait répondu tout autre chose que l'espèce d'indifférence qui s'est niché dans son coeur ; cette colère si froide qu'il ne sait l'expulser de là, qui lui semble qu'elle congèle ses veines et ne permet plus le moindre apport au palpitant ; plus si écarlate que ça ; suintant de mille maux ; et aucun qui ne ressorte en particulier.

Septembre ; date butoir ; amorce d'un nouveau temps où il sera de nouveau seul, amputé d'une des âmes qui le font encore se mouvoir. Regard sur Leo, un instant ; et toujours ces envies de lui dire reste qui viennent ; mais c'est Leo ; et s'il part tant, c'est pour tenter de se retrouver ; et les mots de Lawrence qui résonnent encore. "C'est loin, septembre." Qu'il se surprend à dire ; comme s'il s'était décidé à être enfin celui qui encourageait un peu ; qui ne poussait plus à rester statique ; qui acceptait définitivement ce rôle qu'était le sien. Et pourtant. "Hum... T'as de la place, dans ta valise ?" C'est une première ; un pied qu'il met en dehors de toutes ces zones de confort. N'a jamais proposé de suivre, n'a jamais rien proposé à vrai dire ; juste l'éternel gars qui dit fais gaffe ; mais il n'avait plus personne à attendre, désormais ; Lawrence avait mis treize ans à revenir et tout ne semble que brisure quand il s'agit de lui ; des étrangers à présent.

Alors, il est peut-être temps de laisser la fameuse table toute seule, pour un temps ; et laisser le coeur pleurer en silence, à l'autre bout du monde.
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