FC, crédits : Pierre Niney, the-radiant-bastion (ava) the noble heart (gif)
Pseudo, pronom : guùny (iel/il)
Pronoms : Il
Age : 32 ans
Activité : propriétaire d'un vidéo-club
Statut : toutes les excuses sont bonnes pour rester indéfiniment célibataire.
Logement : rockmouth. maison maternelle dans laquelle il a grandi et qu'il a promis de vider demain depuis trois longues années.
Style RP : pas de pression (400-650 mots)
Thèmes récurrents : deuil, suicide, regrets
Goodnight Moon - ft Sebastian Sam 28 Mai - 20:20
Goodnight Moon TW : mentions de suicide, vomi, décomposition de corps
Paupières alourdies par une longue balade nocturne dans la forêt. Odeur de lichens incrustée dans tes vêtements. Quand les brindilles craquent sous tes semelles, tu te demandes parfois si tu es somnambule. T’es guidé là-dedans par une force que tu penses surnaturelle. Des braises dans ton ventre qui ne demandent qu’à se transformer en brasier. Il suffirait de retrouver une trace d’elle. Un mégot de sa marque favorite. Un écho de sa voix, emprisonnée par les écorces. Une missive miraculée préservée du climat capricieux de cet Etat. Tout sauf son corps. Dans tes cauchemars, tu vois son visage attaqué par les insectes et tu te réveilles en te noyant dans ta bile. Deux révolutions du globe plus tard, tu n'es pas sans ignorer qu'il ne reste rien de celle qui t'a donné la vie. Des ossements qui se confondent avec ce bois mort qui jonchent le sol de ces bois.
Le soleil levé, les braises s’éteignent. Une matinée passée dans les limbes qui séparent les rêves de la réalité. Ton crayon bougeait seul sur la page. Tu aurais préféré sortir faire de la photographie, comme te le dictait ton humeur, mais il fait trop beau. Ton amour appartient à la brume. Ton humeur est assombrie par l’arrivée prématurée de l’été. Un peu de carbone dans un carnet ne suffirait à compenser cela. Tu forces de la nourriture dans ton estomac. Protestation sourde alors que les bouchées de banane passent difficilement ta gorge. Tu regrettes. La digestion de ce minable repas te fait piquer du nez.
There's a blade by the bed And a phone in my hand A dog on the floor And some cash on the nightstand When I'm all alone the dreaming stops And I just can't stand
Le vidéo-club. La bande-son de Kill Bill pour plaire aux pseudo-cinéphiles que tu détestes. Le prochain client qui te dit qu'il s'y connaît en cinéma et que Pulp Fiction est son œuvre favorite mériterait...
Le son de la clochette qui met sur pause tes fantasmes de violence.
Tu attends de voir de qui il s'agit. Le guide. La haine disparaît.
Tu ne l'apprécies pas toujours. Ses histoires de fantômes te sont parfois insupportables. Et les touristes en ligne aussi agréables à regarder que des chenilles processionnaires. Aujourd'hui, tu l'apprécies. Vous partagez un point commun. Il n'est pas un homme de l'été non plus. Ta décision est immuable. Tu aimes être au contact des clients pour calquer sur eux ce dont tu as envie. Le parfait exemple se promène dans son rayon favori, accompagné de ce chat au comportement et à la couleur d'une ombre. Le guide. Net refus d'utiliser le prénom des persona que tu dessines. Au sens littéral comme au figuré. Le guide t'évoque une harpe. Une douceur classique aux relents de mélancolie. Peur de le briser par un mauvais doigté.
Et il y a cette odeur.
Dieu que tu as pu détester cette odeur, lorsqu'elle s'échappait de la chambre de ta colocataire. Effluve assoiffé de liberté. Parfum impossible à garder en cage. La fumée s'enfuyait sous sa porte pour se loger dans vos rideaux. Disputes succédaient aux disputes. Les souvenirs maturent étrangement. Tu te surprends à inspirer profondément pour ancrer dans tes poumons comme dans ton esprit ce parfum de tabac. Il appartient à Portland. À cette vie qui n'est plus tienne. Et il appartient à cette mère. Tes doigts pinçaient le bâton mortel et l'enfonçaient dans son cendrier. Tu ne l'autorisais pas à se tuer devant toi. Le dos tourné, tu ne t'en souciais plus. Et c'est ce qu'elle a décidé de faire, un matin ordinaire.
Grattement de la mine se frotte aux notes d'Ennio Morricone. Le portrait se termine au moment où la silhouette du guide s'approche de la caisse. La feuille est tournée dans sa direction par un geste de la main. Don silencieux. Sur la feuille volante, lui. La nuque pliée vers l'arrière offre son visage à un soleil inexistant. Ses paupières sont fermées. Lèvres entrouvertes. Tu le trouves beau, ce dessin. Petite fierté. Tu veux qu'il l'ait avant que la haine ne revienne et empoisonne ton jugement. Un sourire et une main tendue, pour récupérer le film sur lequel son choix s'est arrêté.
Re: Goodnight Moon - ft Sebastian Dim 29 Mai - 9:59
Silent golden movies, talkies, technicolour, long ago My younger ways stand clearer, clearer than my footprints
Stardom greats I've followed closely Closer than the nearest heartbeat Longer that expected-ther were great-
Oh love oh love just to see them Acting on the silver screen, oh my Clark Gable, Fairbanks, Maureen O'Sullivan Fantasy would fill my life and I Love fantasy so much
Did you see in the morning light I really talked, yes I did, to Gods early dawning light And I was privileged to be as I am to this day To be with you. To be with you
The friends of Mister Cairo - Jon & Vangelis
TW : tabac, abandon
La cigarette se fige entre tes lèvres et y reste pendue un instant, dans l’attente d’une flamme qui ne vient pas. À la sortie du stationnement, les lumières rougeoyantes de l’autocar flashent une dernière fois dans l’obscurité, alors qu’un chauffard solitaire passe devant. Un coup de klaxon explose dans le soir avant que le mastodonte vide ne s’engage sur le Highway 101, en direction de Tillamook. Combien de temps restes-tu à les regarder au loin, ces feux-follets modernes? Le chat, libéré de ton sac à dos, se frotte en roucoulant contre tes jambes. Toi, tu restes là comme un con, à te demander d’où vient ce maudit briquet.
Tu inspires et le fais tourner, entre tes doigts. Est-il à Sam qui t'offre son canapé? Ou à cet autre type qui te chantait la pomme? Tu ne sais plus. Tes petites virées à Portland te vomissent toujours sur le bitume du terminus de Deer Creek comme une coquille vide.
Pourquoi y vas-tu, alors, à Portland? Pourquoi toujours revenir ici?
Tes yeux se promènent un instant sur la façade noire du petit café adjacent et sur ses néons éteints. Sur la rue faiblement éclairée qui mène au cœur de la petite ville. Sur la forêt sombre qui se dresse, derrière le terminus. Sur le silence qui se matérialise en ombres et qui fait place au murmure de l’océan. Il est à peine 21h et déjà, Deer Creek s’est barricadée dernière les murs de ses chaumières. Ne t’y habitueras donc jamais?
N’avais-tu pas fui ton bled natal pour ça? Pour fuir tout ce néant? Alors, pourquoi t’isoler ici pour épater les quelques touristes que vous vous arrachiez, toi et l’autre guide ?
Pour des fantômes. Tes fantômes à toi.
Deux ans, maintenant. Presque deux ans que ce manège dure. Avant, ces trajets ne voulaient rien dire, pour toi. Enfin, pas vraiment. Ils étaient seulement là pour que tu t’éclates un peu. Pour rencontrer d’autres mecs. Pour faire un peu la fête. Pour te sentir encore dans le coup, si tu te décidais enfin à laisser tomber ces histoires et à bouger vers la côte Est.
Deux ans que tu montes dans ce bus avec des idées folles et que tu y descends, le cœur rempli de brouillard. Deux ans que tu n’oses pas aller le voir, sur son piédestal au Portland Philharmonics Orchestra. Deux ans.
Qu’est-ce que tu pourrais lui dire, de toute façon, à Tom, après tout ce temps?
Dix minutes déjà que tu marches le long de la route, d’un pas trainant. Trois cadavres de nicotine sèment ton chemin comme les cailloux blancs du petit Poucet. Le chat te suit, à distance. Tu sais. Ça vous fait du bien à tous les deux, de vous dégourdir les jambes, après ces trois heures de bus. Les maisonnettes isolées font peu à peu place à de petits commerces fermés, puis à un peu de lumière. Enfin. Le diner de la ville d’abord, comme un aimant.
Et le club vidéo comme un refuge.
Ton mégot s’écrase dans le fond du petit récipient de métal, placé au pas de la porte. Le félin saute de lui-même sur ton bras tendu et grimpe jusqu’à ton épaule. La clochette tinte et te voilà dans un autre monde.
Pourrait-on-dire que tu es cinéphile? Que tu t’y connais en cinéma? Tu ne sais pas. Et tu ne veux pas le savoir. Est-ce qu’un vrai amateur du septième art ne serait pas tenté de t’arracher les yeux, pour vouer un tel culte au film adapté de ton roman favori de Neil Jordan qui trône sur ta table de chevet, comme tu le fais? L’oublieras-tu pour la série, quand elle sortira enfin? Es-tu encore en train de bouder parce qu’Amadeus ne s’est retrouvé qu’à la position 100 d’un décompte futile? Est-ce que The Rocky Horror Picture Show aurait mérité d’y être un peu? Non? Est-ce qu’un môme se moquerait de ton admiration pour le jeu muet et troublant de Falconetti, dans The Passion of Joan of Arc? Est-ce qu’on t’obstinerait sur Orson Welles qui a conquis ton cœur bien avant le Parrain? Est-ce qu’on comprendrait ta passion pour la sobriété de l’argenté, dans un monde qui se veut de plus en plus éclatant?
La clochette tinte et seul Ennio Morricone t’accueille, avec ses symphonies de western. D’un geste candide, tu attrapes un paquet de réglisse noire pour bien le montrer en évidence et lui signaler qu’il sera payé lui aussi en bonne et due forme. Ici, le silence est confortable. Pas besoin réellement de parler. Juste de se laisser transporter. Tu resserres la sangle de ton sac de voyage sur ton épaule et te diriges d’abord vers l’éternelle section horreur. Tu fais la moue comme toujours. Le plastique du paquet s’ouvre de lui-même, sous tes ongles. L’anis est glissé entre tes lippes comme le tabac de tout à l’heure. Tu mâchouilles et mâchouilles mécaniquement. Tout ce gore. Tous ces tueurs sanguinaires. Tout ce sang, ce n’est pas pour toi. Qui a oublié que derrière les monstres et tous ces spectres, se cachaient les traces d’une humanité vivante? Où sont les Henry James de ce monde? Où est le réel qui devient plus immense que la fiction, sous son camouflage de fantaisie? Tes jambes bougent toutes seules. Elles déambulent au rythme de tes doigts qui lissent l’épine des DVDs. Ils s’arrêtent, comme toujours devant les classiques. Des films que tu as dix fois. Vingt fois. Trois cents fois, peut-être. Tu choisis les mêmes. Toujours les mêmes. Quels détails inespérés te surprendront, cette fois-ci? L’inquiétante étrangeté. Tu te sens bizarre, tu te sens dans les brumes, tu as besoin de familier. Un club vidéo! Où pourrait-on vraiment en voir un sinon qu’à Deer Creek?
Le propriétaire des lieux est dans sa bulle et toi, dans la sienne. Depuis le temps, vous vous êtes échangé à peine quelques bonsoirs. Tu aimes la délicatesse et la singularité de ses traits. Ses yeux de biche. Mais tu le gardes pour toi. Tu sais comment les ragots vont, dans ces communautés. As-tu l’impression de le déranger? Peut-être un peu. Tu sais l’amitié que te portent les locaux. Que disent-ils, derrière leurs sourires bienveillants. Maudit british. Maudit imposteur. À deux mètres à peine de la caisse, tu vis ta propre histoire inexpliquée. Le portefeuille était bien dans la poche arrière gauche, non? Les effets de ton sac atterrissent sur le comptoir. Et tu es livide, comme si tu avais vu un esprit, le temps de retrouver l’objet manquant dans la poche droite de ta veste. Mais que fait-il là, bordel? Tu souris mal à l’aise, les jointures blanches serrées sur le paquet de friandises impayé, mais bien entamé.
Tu tends avec gêne tes trois offrandes en noir et blanc de la soirée. Et ton regard tombe sur une autre forme de gris.
Ton visage, Sébastian. C’est ton visage.
Ton visage tendu vers un soleil que tu ne vois que trop rarement. Ton visage. Paisible. Serein. À l’abandon de toutes tes chaînes.
Tu as un mouvement de recul. Le même que lorsque Robert t’avait glissé son premier poème. Tu lèves le regard vers son auteur, perplexe, le cœur battant.
« C’est moi? »
Dumbest question ever. Bien sûr que c’est toi. Mais tu restes pétrifié, devant les ombres et les lumières, comme devant un briquet inconnu.
« Pourquoi moi? »
Tu touches le bord de la feuille, comme si tu ne voulais pas le salir.
« Et moi qui pensait être un étranger que personne ne regardait, ici. »