32-39 ans ― occupation libre ― célibataire

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(TW : mention de relation toxique passée & homophobie) Elle était arrivée dans cette ville pour fuir un ex petit-ami ; il était de ces hommes qui veulent dominer les femmes, qui pensant que c'est ainsi que fonctionne le monde, qu'Ils doivent être au-dessus des autres ; mais personne n'ira pour la blâmer de l'avoir aimé malgré tout, c'est qu'il avait été doué pour cacher son jeu et qu'une fois le coeur bien accroché, il avait su le garder longtemps. Deer Creek était apparu un beau jour sur google maps, alors qu'elle zoomait au hasard, à la recherche d'un rien, d'un tout peut-être ; le nom lui avait plu et puis, l'Oregon, c'était tellement loin de la Floride ; un simple zoom sur internet, avant de prendre ses clics et ses clacs, de venir vivre ici.
Elle et Devon, ça avait été une évidence ; un des premiers à l'accueillir, au hasard de la route, parce qu'elle était perdue quand elle s'était garée aux abords de sa maison, à lui demander comment aller au centre-ville ; à l'époque, Devon était encore marié et d'avec le mari, ils l'ont aidé ; et c'est bête peut-être, mais de voir deux mecs mariés dans un trou aussi paumé, ça lui a fait du bien ; comme si elle retrouvait des repères ; elle leur a dit, qu'ils formaient un beau couple ; et Devon lui avait sourit, en la remerciant ; ça faisait si longtemps qu'il avait pas subi d'insultes à ce sujet que ça l'avait touché, ouais. Alors il lui a proposé de visiter la ville ensemble ; et même qu'elle est venue un temps dans la maison, à vivre avec les deux époux ; à s'attacher à eux.
Pour sûr que ça a fait étrange, le jour où le mari de Devon a parlé de partir ; elle a vu la déchirure en direct, ce regard qui se fendait dans une supplication muette ; ne pars pas, je t'en supplie, ne me laisse pas. Mais il s'en était allé tout de même ; l'Espagne. Elle avait enfin trouvé son propre appartement elle, mais ça l'a pas empêché de passer du temps chez Devon ; c'était seulement chez lui, à présent.
Puis y'a eu cette soirée, où iels étaient sur la terrasse de la maison, à regarder les ratons laveurs se régaler ; peut-être est-ce elle qui a évoqué l'idée que ça devait être chouette, de voir des gamins grandir dans un si beau coin ; et Devon de dire que oui. Un silence, avant de rire, de s'imaginer parents, de se dire "t'imagine ?" et puis en fait, ils l'ont fait ; ce sont figurés qu'ils en feraient des bons. À murmurer, comme si ça ne devait être entendu que d'eux, pas de la forêt ; puis à en parler plus librement dans la maison, pendant des heures, puis par sms, puis en s'appelant.
Ils ont été dans un état à côté de l'Oregon ; aux yeux des médecins qui se chargent d'eux, ils sont un couple depuis quelques années, d'avec des petits soucis dans la vie intime ; monsieur qui a du mal ; mais madame s'inquiète de la fameuse horloge biologique ! Alors ils sont venus, pour demander de l'aide, pour en bénéficier. À mentir sur leur situation, parce qu'une femme célibataire et un mec gay, c'est sûr qu'ils auraient vu leur dossier refusait ; mais voilà, ça a été accepté. Le premier essai n'a pas fonctionné ; et elle a pas lâché, s'est retenté à la chose ; mais l'espoir est mince.

Pour autant, il a bien fait d'exister ; un test de grossesse puis une prise de sang, tout est positif ; et le coeur qui bat la chamade, l'envie d'appeler Devon tout de suite pour lui dire ; mais est-ce qu'elle devrait pas attendre, au cas où ? Elle en sait trop rien ; comment on fait, quand c'est avec un ami qu'on a un enfant ? Dans tous les cas, elle veut voir sa tête au final ; plus qu'à se débarquer de nouveau chez lui, un de ces jours.