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 CORBEAU BLANC, EARL.

Aron De Saegher
Aron De Saegher
Messages : 259
FC, crédits : m. huisman — fc, eihwaz ; sign, alcara.
Pseudo, pronom : les draps bleus — they/them, il/iel.
CORBEAU BLANC, EARL. 818f4f1c1cd671c78176a237681aaee3
Pronoms : il/lui.
Age : quarante-et-un ans.
Activité : entre les aides d'état et une maigre paie — docker en dillettante, le dos plié par des caisses pour oublier une carrière d'u.s. marine enterrée depuis longtemps.
Statut : en solitaire, ceux qui ne sont pas vraiment veufs — ça fait dix ans, et il a abandonné la bataille ; il lui ne reste même plus la compagnie d'un vieux frère, trop aveugle pour crier à temps.
Style RP : rythme erratique, env. 500-750 mots par réponse — en français et en anglais.
Thèmes récurrents : alcohol/drugs (addiction à la codéine) — death or dying (accident de la route, mort d'un.e proche) — depiction of war trauma (engagement dans l'armée américaine, déploiement en irak, SPT) — abuse/child abuse (trauma générationnel, absentéisme) — ableism/ableist language (symptômes d'encéphalopathie traumatique chronique) — internalized homophobia (refus d'évoquer son attirance).


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  CORBEAU BLANC, EARL.    Ven 13 Mai - 23:40

he said "i'm gonna buy this place and burn it down, i'm gonna put it six feet underground" / ft. @earl de saegher / codage + icons (c) alcara.
corbeau blanc

tw: cigarette, insomnie, mélancolie, deuil

tu as passé la nuit à compter
les étoiles
ou plutôt
les moustiques ;

ceux qui flottent dans la lueur
du lampadaire jaunâtre
qui brille au coin de la fenêtre.


ils étaient légions. et c'était tôt pour l'année. mais peut-être qu'ils n'étaient jamais partis. tu ne les remarquais plus. les seuls encore à toucher ta peau. les seuls encore à s'intéresser à ton pouls. nuit blanche. c'était devenu trop habituel, ces dernières semaines. et plus les nuits pâlissaient, et plus tes cernes s'assombrissaient, justement. les moustiques étaient des étincelles dans l'aube rouge. un mégot de plus écrasé dans le cendrier.

la fenêtre est entrouverte. ils ont sûrement envahi la maison. ils t'ont sûrement tous mangé, dans la nuit. tu es resté assis à la table en bois brun. la fumée s'est échappée, un peu. elle a pris le frais. mais pourtant, tu sais qu'elle est là. dans le fond de tes poumons, et puis sur tous les murs.

et tu t'en moques.
c'est ce que tu te dis.

que tu t'en moques.

briquet, pierre à feu, une autre lueur proche de ton visage.
tu rallumes des cendres.

tu as fumé toute la nuit durant.
et tu n'as pas bougé d'un cheveu.

le monde s'est arrêté.
toi, c'est ce que tu t'es dit.

qu'une étoile est morte à l'horizon.
et qu'elle ne reviendrait plus jamais.

pourtant il fait rouge, entre les pins qui tracent leurs ombres.
un oiseau chantera bientôt.

tu as passé la nuit à compter
combien de temps tu pouvais retenir ta respiration
avant de devoir te remettre à vivre.


et elle te regardait.
un frisson dévale ta colonne vertébrale.

ton épine dorsale s'est retournée contre toi-même aux alentours de trois heures du matin. plantée au milieu de ton coeur et de tes pieds de démon. tu ne sais plus vraiment. si c'est elle qui te manque, ou bien si c'est lui. en face, la porte de ta chambre te regarde. tu hais ton lit. bouffée de nicotine.

une heure passe.

tu hais ton lit.
la porte te regarde.
elle aussi.

tu le sais, tu la vois dans le coin de ton regard.
une forme sombre.

ça faisait longtemps que tu ne l'avais plus remarqué.

elle était dans les coins de la maison, dans l'entre-deux des portes, en règle générale. mais tu ne la voyais plus. l'habitude. le temps long. tu expires le goudron. une heure passe. bientôt les murs seront gris.

le téléphone posé sur le bois, devant toi, ne s'est pas illuminé.

tu bouges enfin un peu. le soleil a fait son chemin dans ton dos. un rayon de lumière qui s'écrase mollement sur le mur en face. et sur la seconde porte. il y a encore son prénom en lettres colorées qui hante ta vision. les lettres ne sont plus là. c'était pourtant mignon. il était si petit. earl.

il fait jour, dehors.
contre toute attente.

tu crois pourtant avoir seulement cligné des yeux.

tu es devenu un meuble.
couvert d'une fine couche de poussière, comme la télévision.

peut-être que ton fils ne te remarquera même pas, quand sa porte s'ouvrira. tu es devenu un meuble. il y a le canapé affaissé, il y a la guitare à laquelle tu n'oses plus toucher, il y a le sachet d'anti-douleurs dans la cuisine, il y a ton lit que tu hais. et puis il y a toi.

rien de remarquable.

Earl De Saegher
Earl De Saegher
Messages : 4
FC, crédits : Thomas McDonell, @hell0.friend.dat
Pseudo, pronom : Plume, she/her.
Pronoms : he/him.
Age : 21 ans.
Activité : étudiant : adolescent perdu serait plus exact.
Statut : célibataire et libre comme l'air.
Logement : toujours chez papa, à Deer Creek.
Style RP : FR/ENG | au moins 1 rp par semaine ! Longueurs au choix <3


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  Re: CORBEAU BLANC, EARL.    Sam 14 Mai - 1:08


@aron de saegher
- - - - - - - - - -
CORBEAU BLANC //
nuit sans étoile
See the man who stands upon the hill
He dreams of all the battles won
But fate had left its scars upon his face
With all the damage they had done.


On dit que la nuit porte conseil. Earl l’a toujours entendu.
Murmuré d’une voix aimante, ou d’un air agacé lors qu’il refusait d’aller dormir.

Le vinyle tourne sur la platine, grésille : ses doigts habiles ont fait du mauvais travail, en la réparant.
Ce n’est rien.
Il y pensera demain.

Entre ses deux doigts tâchés d’encre, longs et fins mais calleux, abîmés par la guitare, une cigarette éclaire l’obscurité : sa lueur répond timidement à celle de la lune.
La fenêtre est grande ouverte, laisse le vent libre de caresser les cheveux secs d’Earl.

La scène est anodine, ne sort pas de l’ordinaire dans le quotidien pourtant étrangement peu monotone du corbeau blanc : dans un équilibre précaire, il s’assoit sur le garde-corps de sa petite fenêtre, appuie tout son poids contre le mur trempé de son palais gris : Earl est le prince de la classe-moyenne, de la médiocrité existentielle : mais sa véritable salle du trône, c’est sa chambre, un chaos indescriptible qu’il ose pourtant qualifier de « parfaitement organisée ».

Y gît le cadavre d’une bouteille de bière.
Son paquet de cigarettes, mollement lancé sur le lit d’un geste désinvolte.
Une feuille de cours, qui ne lui appartient définitivement pas : Descartes et la théorie de l’animal mécanique.
Son téléphone abandonné quelque part proche de l’oreiller qui, sous la taie, est couvert de tâches de café.
Tant d'autres objets qu'il ne remarque plus.

Dehors, les grillons couvrent le bruit léger de sa musique au volume si volontairement bas, pour ne pas réveiller papa : le calme de Deer Creek l’apaise, quoiqu’il ne l’admettrait jamais à voix haute.

Les volutes de fumée s’envolent dans les airs, soufflées par une bouche insolente, semblent dessiner les prémices de son destin dans un langage qu’il n’arrive à comprendre, ne pourrait décrypter que sous autre substance : ce sera pour une autre fois.

D’un toucher fantôme, ses doigts viennent effleurer sa clavicule tâchée de pourpre : il est presque certain que ce petit cadeau lui a été donné par Noah, le garçon qui lui rappelle étrangement l’automne, avec sa peau mate et ses yeux couleur noisettes, dont le sourire chaleureux creuse les joues de deux fossettes rondes, lorsqu’il s’amuse en rougissant d’une plaisanterie d’Earl en resserrant son écharpe autour de son cou. Earl l’aime bien.

Ne pas oublier de se couvrir alors, avant de sortir. Papa va causer, sinon.

Et c’est bien le dernier sujet qu’il souhaite évoquer avec son père, triste père, coquille vide de l’homme qui fut son héros.

Le jour point, montre le bout de son nez bien trop vite, trouve Earl. Le silence absolu l’accueille. Avec l’air de celui qui n’en a plus grand-chose à faire, il enfile un t-shirt, de ceux dont les nombreux passages à la machine à laver ont volé les inscriptions. Sombre, trop large, il souligne d’un air presque macabre le corps légèrement trop maigre pour être en bonne santé du fils de Saegher.

Le couloir empeste le tabac, l’odeur l’agresse, lui emplit les narines avec violence.

Quelque chose ne va pas.

C’est simple, c'est la règle. On ne fume pas à l’intérieur. Et Papa entre tous la respecte, puisque c’est lui qui l’a introduite.

D’un pas de loup, le chemin est fait jusqu’à la cuisine. Dans un silence presque terrifiant, un bol de céréales est empli, laissant comme seul son dans la maison le bruit des Fruit Loops rencontrant la céramique.

Mille questions emplissent l’esprit d’Earl. Est-ce que ça va, où est Trevor, est-ce que je dois appeler Garrett, qu’est-ce que tu fous là bordel, pourquoi tu enfreins tes propres règles de psychorigide, est-ce que tu as dormi, faut que j’appelle le médecin pour les traitements ?

Mais Earl est mauvais, si mauvais avec les mots lorsqu’il s’agit d’Aron… Alors lorsqu’il daigne et ose regarder son père, il ne trouve rien à dire. Rien, sauf une idiotie.

-Tu veux venir promener le chien avec moi… Après ?

Parce que c’est ainsi, qu’on communique chez les de Saegher. On enfouit tous les problèmes sous le tapis. Et on prie pour que personne ne le soulève jamais.


(C) ETHEREAL


Aron De Saegher
Aron De Saegher
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Statut : en solitaire, ceux qui ne sont pas vraiment veufs — ça fait dix ans, et il a abandonné la bataille ; il lui ne reste même plus la compagnie d'un vieux frère, trop aveugle pour crier à temps.
Style RP : rythme erratique, env. 500-750 mots par réponse — en français et en anglais.
Thèmes récurrents : alcohol/drugs (addiction à la codéine) — death or dying (accident de la route, mort d'un.e proche) — depiction of war trauma (engagement dans l'armée américaine, déploiement en irak, SPT) — abuse/child abuse (trauma générationnel, absentéisme) — ableism/ableist language (symptômes d'encéphalopathie traumatique chronique) — internalized homophobia (refus d'évoquer son attirance).


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  Re: CORBEAU BLANC, EARL.    Dim 15 Mai - 12:48

he said "i'm gonna buy this place and burn it down, i'm gonna put it six feet underground" / ft. @earl de saegher / codage + icons (c) alcara.
corbeau blanc

tw: mort (description graphique), cigarette, mélancolie, déréalisation/dissociation

tu pues la mort.
pas comme si tu n'en connaissais l'odeur.

il fallait toujours que les choses se passent ainsi.
que tu survives, et que l'odeur te mange les narines.
car s'il n'en fallait qu'un pour être maudit, ce serait toi.

c'en était risible.
tu n'avais jamais réussi à décrire l'arôme ou l'épaisseur de l'air.

c'était parfois plus un instinct animal ressortant de la terre.
quelque chose d'inné, une part éteinte du cerveau qui se rallume.

la mort, ça se sentait dans l'air.
il n'y avait rien de plus à en dire.
ceux qui la connaissaient savaient.

et ceux qui ne la connaissaient pas encore sauraient bien assez tôt.

ça n'était pas exactement l'odeur du sang, ni l'odeur du feu. ces deux notes étaient des couches en plus, sur cette seule chose impossible à définir. même les animaux ne portaient pas la même sentence sur leur peau.

la mort d'un être humain, ça n'a rien de similaire.
tu le sais.


mais c'est toi,  c'est toi qui bientôt sentira comme l'appétit des rats.
le cendrier est plein à déborder.

et lorsque ton fils passe devant toi, à l'autre bout de la pièce, même le parquet reste silencieux. tu es un meuble, et lui navigue dans la maison de son enfance comme un étranger en terre inconnue.

il ne mérite pas ça.
on devine encore sur certains murs les traces laissées par les cadres photos défaits et rangés dans des cartons.

il fait jour.
on peut entendre des voitures passer au loin.
les placards de la cuisine grincent doucement.

tu peux enfin fermer les yeux.
juste un instant.

là-dedans, il fait tout noir, et tu ravales ta salive comme un acte de bravoure.
tu ne te rappelles plus quand tu as respiré pour la dernière fois.
sûrement au crépuscule, hier.

c'est long, l'apnée.

tu manges tes joues.
il faut reprendre vie.
et puis il faut mentir.

ton corps se déplie, et tu n'as pas l'impression que c'est le tien. tout craque, comme du papier que l'on aurait mis en boule. un pas. deux. passer devant l'entrée de la cuisine. un automate qui s'arrête. ton regard tombe sur le sac en papier kraft. un mois, au moins, qu'il est là. ton coeur a encore quelques étages à descendre. de la place pour tomber au fond de la cage thoracique. ton regard vacille sur la cuisine, et puis earl, au milieu. son bol de lait qui lentement décolore ses céréales. c'est comme un bain pastel.

le chien.

tu ne sais même pas où est le chien.
tu ne te rappelles plus où est le chien.

une vague moue. ton épaule écrasée contre le chambranle de l'arche. mais tu hoches la tête. il est dur, à cet instant, de déterminer qui est l'enfant. tu la cherches dans les coins de cette pièce-là. elle ne semble plus y être non plus. il fait jour. c'est normal.

"il dormait pas avec toi ?"
des mots comme des cailloux qui butent.
ta voix est couverte de nicotine.

tu renifles vaguement.
earl.
le sac en papier kraft.
earl.

ce n'est plus un enfant.
c'est ce qu'ils ont dit.
il te ressemble pourtant, à l'époque.

le sac en papier kraft.

tu toussotes.
ce n'est pas ta voix.
tu ne te rappelles pas parler comme ça.

aussi clairement.
aussi froidement.

"earl, tu pourras mettre le sac à la poubelle, s'il-te-plaît ?"
chaque mot est une dette.

il a déjà trop dû le faire.
c'est pour vous deux.
tu essaies encore de sauver les meubles.

tu promets.

tu te rappelles son visage enfantin.
sa silhouette perchée sur tes épaules.

tu fixes le vide.
c'était sûrement un rêve.

Earl De Saegher
Earl De Saegher
Messages : 4
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Pronoms : he/him.
Age : 21 ans.
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  Re: CORBEAU BLANC, EARL.    Dim 29 Mai - 17:31


@aron de saegher
- - - - - - - - - -

You must fix your heart
And you must build an altar where it rests
When the storm decays and the sky it rains
Let it flood, let it flood
Let it wash away


Un soupir se forme, au fond de sa gorge, un râle qui pourrait relâcher toute la tension qui l’habite.

Earl ne le laisse pas franchir ses lèvres.  

D’un air las, il observe son père : il lui paraît presque être un étranger, l’ombre de son propre spectre.

Garder les apparences, toujours, ne pas baisser la garde, ne pas montrer qu’il ne sait pas quoi faire, jamais. Être courageux, brave, fort.

C’est stupide, de grandir en admirant le courage de Tyler Durden, pour être pétrifié quand une décision doit être faite, quand il faut prendre les choses en main.

Et curieusement, les céréales ont le goût amer de la désillusion.

-Nan il était pas avec moi, je pensais qu’il était dans le salon.

L’odeur de la cigarette semble avoir imprégné chaque meuble, chaque mur, chaque centimètre de la pièce. Elle enserre l’espace, d’une manière presque suffocante : elle n’a rien à faire là.
Earl n’est pas du genre à jeter la pierre. Il ne dit rien, rien sur l’état de son père, rien sur les paquets vides qui s’empilent, rien, du tout. En un sens, c’est peut-être pire que s’il se décidait à parler.

Il se lève, pose son bol vide dans l’évier, trésaille lorsque la cuillère glisse contre la céramique en un vacarme retentissant. Elle ruine l’équilibre précaire, presque fictif de la scène, raclant désagréablement de son bruit métallique contre une assiette, le force à relever les yeux vers son pauvre père et sa requête qu’il aimerait tant ignorer.

Rien de spécial à celle-ci : c’est anodin, d’une normalité presque assommante. C’est presque cela qui annonce à earl un mauvais présage, fait grimper le long de sa colonne vertébrale saillante un long frisson, comme un serpent laissant d’un air paresseux son poison sur le chemin le menant jusqu’à la nuque du garçon.

Papa ne demande jamais. Jamais comme ça, de cet air plaintif, de cette voix éteinte et abîmée, avec cette expression abattue.

Alors earl s’exécute, contourne aron, avec une aisance presque douloureuse, tragique réminiscence de l’état de leur relation détruite brique par brique par le temps, sans qu’ils ne puissent rien y faire, sans qu’ils n’essayent vraiment d’y remédier non plus.

Entre ses doigts fins mais abîmés, presque symboliques de son état de jeune déchu, le sac de kraft révèle ses secrets : earl fronce les sourcils, soucieux, confus.

Des anti-douleurs à la codéine lui font face, intouchés, intacts, non-ouverts, non périmés… En clair, dans un parfait état, neufs, fraîchement arrivés de la pharmacie.

Il perd la tête. La pensée le traverse, lui donne presque envie de sangloter. Autour des autres, earl est un pitre : près de son père, il n’est rien de plus que le fantôme de l’enfant qu’il était, presque incapable de la moindre plaisanterie.

- P-… earl ravale le mot, tristement. L’appeler papa lui est devenu difficile, avec le temps, avec l’absence. C’est tes médicaments, ça. Je vais pas les jeter, ce serait complètement con…

D’un geste rapide, earl repose le sac à l’endroit exact où il se trouvait avant qu’il ne le prenne entre ses mains d’adolescent empressé.

-Ca fait longtemps que tu les as pas pris ? Ça doit être pour ça que ça a pas l’air d’aller.

Le commentaire manque de tact, earl s’en rend compte à l’instant où il quitte ses lèvres. Mais c’est trop tard, alors il ne peut que baisser les yeux, murmurer un « pardon, c’était con... » étouffé et presque muet. Dans l’esprit d’earl, il y a une règle, claire mais tacite : on ne parle pas de l’état déplorable d’aron directement, pour ne pas froisser, pour ne pas être un imbécile qui ne réfléchit pas.

Earl ne peut pas en vouloir à aron, après tout. La vie n’a jamais été tendre avec lui. Ce ne sont que les conséquences de l’ensemble chancelant sur lequel son père s’est construit. Après un silence,  earl glisse une cigarette entre ses lèvres, ouvre la porte d’entrée : ce n’est pas parce qu’aron a oublié les règles que lui peut se permettre de les ignorer.

-Je vais fumer, tu veux venir avec moi ou pas ? Ça peut te faire du bien, de sortir un peu, je pense.

Because right now, you look like shit.

- Et après, on pourra aller promener le chien.

Deuxième fois qu'il le propose. Earl est insistant.

Car il n’y a que comme ça qu’il sait comment régler les problèmes avec son père.

(C) ETHEREAL


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