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 Finally back home (Lawrence #1)

Devon Davis
Devon Davis
Messages : 203
FC, crédits : Oliver Jackson-Cohen (avatar par bb law ♥♥♥ ban par ethereal)
Multicomptes : Murphy M (Pablo S)
Pseudo, pronom : Bones (he/they)
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Pronoms : Il.
Age : Trente-cinq hivers déjà passés ; encore un arc de vie où il continue de tirer sur la corde.
Activité : L'ironie de ce monde a voulu qu'il devienne menuisier ; après avoir été au placard longtemps, le voici à en fabriquer selon les périodes.
Statut : Divorcé ; et Lawrence encastré dans le coeur, depuis toujours, même s'il est difficile de l'admettre, que la peur qu'il ne reparte encore est là. Voudrait lui dire de rester, cette fois ; pourtant, il sait qu'il se tairait encore. Plus qu'à voir où ça mènera.
Style RP : Rythme régulier, narration à la 3ieme personne (avec parfois du "je"), dialogues en fr, entre 300 et 800 mots en général, parfois plus, rarement moins.
Thèmes récurrents : Colère interne, pensées dépressives & noires, réflexions narrative acerbes, mélancolie, évocation possible de mutilation dû au travail, divorce, ...


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  Finally back home (Lawrence #1)    Jeu 12 Mai - 15:16


C'est la dernière place ; et elle lui a dit qu'il avait de la chance, dans un rire cristallin. Alors il a sourit en retard, concédé que oui, il en avait ; sans y croire le moindre instant ; juste la faim accrochée à l'estomac, qui lui donne l'impression qu'il pourrait manger un âne entier, d'avec les sabots ; et puisqu'il n'en a aucune envie, il aime mieux l'idée du burger à venir. Se pose alors à la dite table, d'avec la banquette en face qu'est vide alors que le reste du dinner est rempli de monde ; surtout des lycéens, il a pas tout compris Devon, mais de ce qu'il capte des conversations, ça parle d'avoir décidé de pas aller à la cantine ce midi-là ; et il sourit un peu, se rappelle de ces années-là, des rares actes de rébellion qu'étaient pas grand-chose ; mais vécu d'avec l'intensité des jeunes gens qui se pensent seigneurs du monde de sécher une heure de cours pour profiter d'un bain de soleil ; avant que la réalité ne les rattrapent.

Posé ; le repas déjà commandé, un comme d'habitude ou presque ; c'est que des Devon, elle en voit quinze par jour, alors il s'est contenté de dire ce qu'il voulait, comme tous les autres ; pas remarquable, pas à sortir du lot ; quoique, le mariage avait eu le mérite de définitivement l'afficher comme un des gays du coin ; comme si c'était sale. Ah, foutue ville à la con, n'empêche. Rien que d'y penser, il a le pied qui bat ; de plus en plus fort ; elle pose quelques petits trucs sur la table, demande si ça gênerait si elle venait à faire s'installer quelqu'un d'autre à la tablée. Devon relève les yeux vers elle, puis hausse les épaules ; "non" et c'est alors acté, parce qu'après tout, pourquoi pas ; tant qu'il mange, oui, parce qu'il a la dalle, qu'il a encore oublié de manger hier soir et ce matin aussi ; que son adelphe en avait marre de le voir se plaindre de cette faim qui le cisaille sur place. Et puis, maintenant, il a envie de pisser ; vraiment, des Devon, y'en a dix à la ronde ; mais c'est le seul qui se retrouve aux toilettes, alors que ses frites sont à peine servies. Saurait pas profiter de sa boisson, sinon ; et puis ce pied qui bat, quelle horreur, n'est-ce pas ?

L'affaire est faite ; et dans le petit miroir de la pièce éclairée que d'une maigre ampoule, il jette un regard à son visage ; constate la fatigue qui s'accumule, dernièrement. Il travaille beaucoup, se nourrit pas assez, dort trop peu ; quelle idée. Ses doigts qui passent lentement sur ses traits, tentant d'effacer toute vieillesse accumulée au coin des yeux. Puis le voilà qui repart déjà, les mains fraiches et la mine toujours de déterré ; la serveuse, les mains pleines, qui l'attrape au passage, d'avec sa voix ; y'a quelqu'un en plus à sa table, ça y est ; la banquette d'en face ne sera pas restée vide bien longtemps. Alors il acquiesce et puis tant pis pour sa tronche et tout ce qui s'accumule dessus ; observe en vitesse le crâne baissé sur un carnet sans doute ; reconnaît pas, parce qu'en fait, il s'attendrait pas à le voir là ; alors il se contente de se rasseoir, sans prêter attention ; en plus, y'a son burger qu'est là, serait bête qu'il refroidisse en se perdant dans les formalités. "'Jour." Qu'il dit tout de même, le nez déjà penché vers l'assiette ; foutue faim.

Déplie vaguement la serviette en papier ; la coince sous un coin de l'assiette, pour la choper en vitesse quand l'heure s'en viendra ; elle servira forcément. Les doigts propres, qu'empoignent déjà deux frites ; croc et mâche ; avale. La pogne libre qui vient lui frotter un coin de l'oeil, alors qu'il songe aux commandes qu'il a encore à faire ; et livrer, surtout. Faudra vite reprendre, pas trop tarder ; et puis... Devon a relevé les yeux de son assiette, curieux vaguement de la personne en face. Peut-être aurait-il mieux fallu se soucier encore des commandes ; du bois à traiter ; du vernis à poser ; de toutes ces choses-là ; et ne jamais observer le type, juste là. Mais il y avait eu sa propre assiette à lui d'amené et un geste pour l'entamer qui avait attiré son regard ; et il l'avait alors vu.

T'es qu'un lâche.

La colère avait brillé dans le fond de ses yeux, ce jour-là ; alors que le Watson était à mettre toutes ses affaires dans la caisse ; et en refermant, avait mis le coeur de Devon sous clef en même temps qu'il avait claqué le coffre. Les traits avaient été serrés ; tout comme le palpitant ; et son air qui disait je te regretterais pas, alors que tout son être hurlait finalement le contraire. Le rappel de cette douleur qui pointait au plein dans le poitrail, alors que la voiture avait démarré ; et qu'ainsi, il pensait les adieux signés ; Lawrence était parti pour ne jamais revenir. Treize ans d'absence ; et le voici de retour. Oh, pour sûr qu'il avait changé, énormément même ; mais il l'avait bien trop aimé pour ne pas reconnaître les traits qu'il avait tant choyé, tellement adoré. Et ils étaient là, de nouveau devant lui. Et le burger, soudainement, semble avoir été cuisiné d'avant tant d'amertume qu'il pourrait en avoir l'appétit coupé ; voudrait alors lui cracher à la tronche celle-ci ; mais il ne lui ferait pas cette honneur, jamais ! Préfère l'indifférence crasse, simulée de bout en bout, que de lui faire croire qu'il avait encore la moindre forme d'importance. "Alors comme ça, le fils Watson est rentré." Et pour sûr que ça sonne pas très joli ; vraiment pas même.
Lawrence Watson
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Pronoms : il
Age : 35 ans
Activité : directeur artistique freelance, il bosse pour des agences européennes en grande partie.
Statut : une promesse soufflée en plein milieu d'une cuisine pour ancrer plus encore ce que son coeur sait depuis toujours. il n'y a que devon, et pour une fois il essaiera de ne pas tout foirer.
Logement : chez son paternel à albion heights, il cherche à s'acheter une maison près de la plage, mais n'a pas encore trouvé son bonheur.
Style RP : rythme totalement aléatoire, entre 300 et 800 mots (je m'obligerai pas à écrire plus si je coince après 300 quoi) / 3e personne / fr et en
Thèmes récurrents : perte d'un enfant, divorce, perte d'un parent


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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Jeu 12 Mai - 17:16

Vivre en semi-décalage horaire commençait à devenir fatiguant pour Lawrence, qui avait de plus en plus de mal à se réveiller avant le lever du jour, pour commencer ses journées pendant que ses clients commençaient la seconde partie des leurs. Aujourd’hui il s’était réveillé à 4h, soit 12h à Londres. Son esprit lui avait joué un mauvais tour car il s’était mis à imaginer ce que Suzanne devait être en train de faire. Il n’était jamais vraiment tombé amoureux d’elle, car son coeur était encore trop pris et qu’il n’avait pas trouvé la place de l’y mettre en entier, et pourtant il avait développé une sorte d’attache étrange envers elle, à force de la voir, à force de faire semblant, à force de l’embrasser et de l’appeler “ma femme” devant les autres. Le divorce lui faisait autant de bien que de mal, et si l’absence de la jeune femme était une des raisons de ce malaise constant, ce n’était pourtant pas la raison principale. Le fait qu’il soit de retour dans la maison de son enfance, que l’absence de sa mère se fasse aussi douloureusement ressentir, et que la présence de son père soit aussi… Insupportable et pourtant nécessaire ne l’aidait pas. De plus, dès qu’il sortait de chez lui il avait le regard qui tombait inlassablement sur la maison qui avait appartenu à la famille Davis. Une maison au sein de laquelle il avait toujours été le bienvenu, comme dans une seconde famille. Désormais c’était un jeune couple qui y vivait, avec un enfant en bas âge qui était adorable mais ressemblait un peu trop à sa fille pour qu’il puisse le regarder plus de quelques minutes sans ressentir ce pincement au coeur devenu familier.

Encore aujourd’hui, il avait son regard qui était tombé sur la maison, alors qu’il rentrait dans sa voiture qu’il avait acheté dès son arrivée à Deer Creek, une petite voiture d’occasion qui pouvait avancer sans lui garantir une mort certaine, ce qui était à peu près tout ce qu’il attendait d’une voiture, surtout après avoir vécu dans des capitales européennes où les voitures ne sont pas vraiment utiles.

Il est plus ou moins pile l’heure du dej (peut être un peu après) quand il arrive au dinner, l’estomac gargouillant lourdement depuis plus d’une heure. Il voit que de nombreuses personnes sont déjà installées, mais espère qu’il aura une place car il est bien trop épuisé pour rentrer chez lui bredouille et cuisiner. Lawrence entre et se fait directement apostropher par une vieille serveuse, déjà là du temps de son adolescence, mais qui ne se souvient pas de lui parce que qui se souviendrait de vous après 13 ans, hein ? “On n’a pas trop d’place”, commence-t-elle. “J’peux vous proposer une place à la table d’un homme qui déjeune seul, ça vous dérange pas ?” Elle se dirige déjà vers la table, et Lawrence la suit sans se faire prier. Il secoue la tête. “C’est bon,” fait-il, et elle voit que son accent rendu hybride par les années d’expatriation lui fait lever un sourcil, surprise de voir un touriste perdu ici à cette période de l’année. Sauf qu’il n’est pas un touriste, et qu’il déteste cette sensation d’être un étranger chez lui. C’est sa faute, tant pis pour lui. La serveuse lui désigne une table sur laquelle il y a une assiette déjà servie. Il s’installe plus ou moins à la diagonale de la table, pour laisser le plus de place possible à celui qui était là le premier, après tout. : coin gauche côté comptoir. “Merci”, fait-il en retirant sa veste et en posant son tot par terre à ses pieds. Il en sort son carnet, et commande son habituel burger avec des frites maisons, et son thé glacé maison. Il n’aime pas changer sa commande, Lawrence, ses habitudes sont rassurantes, surtout depuis qu’il est revenu. A peine la serveuse partie, il ouvre son carnet et reprend ses croquis. Concentré sur l’idée d’un logo qu’il dessine, il n’entend pas s’approcher l’homme qui revient prendre sa place sur la table où on l’a installé. En revanche ce dernier le salue, il lève à peine les yeux, juste de quoi voir ses mains et répond un “Bonjour,” un peu trop faiblard, parce qu’il est concentré et quand il est concentré Lawrence, il a toujours un peu de mal à répondre aux gens, déjà les entendre relève de l’exploit. Il n’a pas reconnu cette voix qui l’avait si souvent réconforté, qui lui avait soufflé des paroles d’amour pour le faire oublier la solitude que l’on ressent quand on est coincé dans un placard étroit, construit par une société d’hommes qui aiment les femmes, et c’est tout. Si il l’avait reconnu, oh… Il aurait fuit, peut être. Ca aurait été plus facile.

Finalement, la serveuse revient et lui pose son assiette devant lui. Alors il lève les yeux pour la remercier, sa main déjà tendue vers l’assiette de frites car il est affamé, et quand il repose son regard devant lui. Putain. C’est la première pensée consciente qui vient effleurer son esprit. Le regard de Devon heurte le sien avec une violence dont personne sauf lui n’est conscient. Peut être que Devon n’en a même pas conscience, mais lui ça le heurte aussi fort que si il s’était pris une claque dans la gueule. La vision de cet homme, sur qui il n’a plus posé les yeux depuis 13 ans, est aussi douloureuse que divine. Bien sûr, le Davis avait changé. Il avait le visage un peu plus marqué par la vie et par les années, ses traits candides de jeune homme s’étaient transformés pour devenir ceux d’un homme qui en avait vu passer dans sa vie, d’autres personnes auraient probablement dit qu’il n’était pas beau à voir. Une pensée qui ne semblait pas pouvoir effleurer l’esprit du Watson. Ce dernier se demande ce qu’il s’est passé pendant son absence, qui lui semble être aussi longue qu’une vie entière, pour que celui dont le visage hantait encore ses rêves soit si différent. Ils ont passé plus de temps à ne plus se voir qu’à se connaître… Un an de plus, mais ça fait déjà la différence.

L’autre prend la parole, et Lawrence déglutit, avalant sa frite un peu difficilement. Devon a l’air de s’en foutre. Royalement, même. Il continue son repas en lui faisant la conversation, même si au fond Lawrence sent bien qu’elle est là, la pique. Elle fait mouche. Il ne sait pas quoi répondre, pose son crayon sur son carnet et pose sans le vouloir son regard sur ce doigt qui porte une bague. Game over. Ca le rend dingue, intérieurement, mais qui est-il pour oser s’offusquer, quand il est celui qui est parti ? “J’avais le mal du pays” ment-il en attrapant une autre frite, incapable de lui exposer les vraies raisons de son départ. Ma mère est morte. Je ne peux pas abandonner mon incapable de père, même si il me déteste. Tu me manquais trop.
Devon Davis
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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Jeu 12 Mai - 19:53


Percé de mille aiguilles ; et le besoin de recracher chacune d'entre elles ; qu'elle fut belle pourtant, leur jeunesse ; ponctuée des rires qui fut les leurs ; et de la tendresse qui les avaient tant liés. Peut-être celle-ci même qui vient à donner ça, cette bouillie de mots sans saveur, cette phrase qu'il aurait aimé remplacer par tout autre chose, dès l'instant où elle fut lancée entre eux, qu'elle prenait place sur la table ; qu'elle n'appelle pas à la conversation, plutôt à la justification ; c'est que DC, désormais, c'était devenu son territoire à lui, parce qu'il ne l'avait pas fuit, avait assumé aux yeux des tous ses attirances, quitte à se prendre les foudres des idiots avant qu'ils ne se lassent du tableau ; ou le trouve finalement normal dans le paysage ; Devon opterait pour la première option. Et face à son coeur battant, tait toutes les autres qui auraient pu naître ; Lawrence est rentré ; le mal du pays ; et bien malgré lui, Devon souffle un rire amer, l'air de dire qu'il n'y croit pas ; que ce mensonge est trop gros ; trop con ; puis ce foutu accent, c'est quoi ça encore ? "Je vois." Non. Il se refuse à voir la vérité, depuis toujours ; pourquoi commencerait-il aujourd'hui, alors ?

Bouche pleine ; tous les mots qu'il avale au passage ; son regard qui se déporte un instant sur le dinner, sur la tonne de gosse qui s'y trouve, qui se doute pas que peut-être des drames se joueront pour leur futur, d'à se regarder d'avec les yeux doux ; et les siens, éteints depuis si longtemps, qui reviennent à se poser sur les traits de l'ancien être aimé ; caresse de ses iris la nouvelle nature de ses traits. "Tu repars quand ?" Et pendant un instant, il se déteste de poser cette question ; mais tout va être une question de survie, encore ; déjà à la dérive, Devon, depuis déjà treize ans ; il regrette pas de ne pas être parti - quoique, ça dépend l'heure de la nuit - mais faut reconnaître que savoir Lawrence en ville sera autrement plus difficile à vivre que de le savoir sur un autre contient ; plus simple de se rappeler des mauvaises choses quand on a pas sous les yeux tout ce qui pourrait contenir les beaux souvenirs ; comme ses doigts entre les siens. Doigts qui repose le burger, finalement ; et la serviette de papier qui sert, avait bien fait de la préparer. Se dit qu'il pourrait se barrer, fort de la réponse qui va lui scier pourtant la tronche, plus efficacement encore que la fatigue ; mais faut tenir le rôle ; celui où il fait croire que ça ne lui fait rien, qu'il soit de retour.

Après tout, ça fait déjà treize ans depuis que tu t'es barré.
Lawrence Watson
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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Jeu 12 Mai - 21:30

L’envie de se plonger encore une fois dans le regard sombre de l’homme en face de lui est insoutenable. Il aimerait tant oublier jusqu’à la bague au doigt de Devon, oublier leur passé, et revenir lui souffler qu’il l’aime, caché de tous. Mais ça, ça n’arrivera plus jamais sauf dans ses fichus rêves qui refusent de le laisser tranquille. Ces rêves qu’il adorent plus qu’il ne les déteste, parce qu’au moins dans ses rêves, il est heureux. Il est avec lui, son inconscient imagine des scénarios à la fois crédibles et fantastiques. Eux deux dans une petite maison de Deer Creek, avec un chien ou un chat. Eux deux parcourent le monde, eux deux à Bruxelles ou Londres ou Paris, eux deux se réveillant paresseusement l’un à côté de l’autre dans un lit trop petit pour leurs grands corps, obligés de se coller pour ne pas finir à terre.

Devon fait éclater la petite bulle de songes de Lawrence en répondant de cette voix acerbe qu’il ne lui reconnait pas. Il ne l’a entendue qu’à l’aube de leur séparation, et a préféré oublié ce qu’elle lui faisait ressentir. Sa machoire se crispe, mais il ne se dérobe pas. Il entame son burger, alors que l’autre lui pose une question qui lui rallume un petit quelque chose dans son palpitant mal rafistolé. Il lève les yeux vers Devon, trop occupé à mâcher sa nourriture avant de répondre. Ca lui donne les secondes de réfléchir. Il doit faire attention, et pourtant quelque chose a péter dans son esprit, les synapses ont du mal à faire les connexions aussi vite que d’habitude.

Pourquoi tu veux savoir ça ?”, à peine la bouchée avaler, qu’il lui a posé cette question. Bête question, dont la réponse allait éclater encore un peu plus son pauvre coeur en milles morceaux. Idiot, Lawrence, t’es qu’un idiot fini et tu l’auras bien mérité quand il t’aura foutu plus bas que terre, qu’il se sera vengé de ce que tu lui as fait il y a des années. Alors vite, il faut répondre avant que l’autre ne puisse agir. “C’est pas prévu que je reparte,” ajoute-t-il un peu à la hâte. Il aimerait tout lui raconter. Bruxelles puis Londres, les gens qu’il y a rencontré, sa femme même, comment il a été con de croire qu’une autre pourrait le remplacer lui, et puis sa fille, sa douce qu’il a perdu trop vite. Il aimerait lui dire aussi que la vie lui avait joué un tour de garce, parce qu’après avoir pris sa descendance, elle lui prenait son ascendance, et qu’il se retrouvait seul, sans les femmes de sa vie, sans l’homme qu’il aimait vraiment, et que pour lui le seul moyen de tout recommencer à 0 c’était de revenir ici. Un nouveau point de départ, on prend une grande inspiration et on recommence.

Mais c’est si dur de respirer le même air que lui.

Devon Davis
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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Jeu 12 Mai - 22:08

TW : réflexion homophobe narrative.

La question était parfaitement la bonne pour lui rentrer en plein dans le poitrail ; pour lui déchiqueter ce qui était à l'intérieur ; pour briser son masque d'indifférence. Le visage qui s'assombrit ; l'expression qui vient à se graver dessus qui marque l'envie d'en découdre ; ou bien, simplement, la douleur de ce besoin mis en exergue. Alors, finalement, ça arrange Devon que Lawrence lui laisse pas le temps de répondre à cette foutue question ; la pire de toutes ; mais la réponse, elle, ne l'arrange pas. Parce que déjà, Dev, il se fait le tableau ; imagine la femme qui va débarquer et puis le chien, peut-être même un gosse ; et cette vision le tue sur place ; glace ses intestins et laisse une empreinte indélébile ; terrible. C'est que le vieux Watson s'était vanté que son fils était marié - à une femme, pas une pédale, Lawrence - mais pour le divorce, ah, l'avait été bien moins bavard ; alors, ça, Devon il sait pas. "Ah." Et ça sort du coeur ; de celui meurtri ; qui voudrait lui dire de dégager, que c'est pas parce que maintenant c'est devenu un état pas trop con - et encore - qu'il faut se ramener quand tout a été fait. Mais la bouche reste désespérément close ; lèvres pincées, incapable de laisser passer quoi que ce soit, là, tout de suite. Et ses sourcils, ses traîtres, qui se froncent, qui semblent prêts à se poser par-dessus les prunelles bleues ; comme pour tenter de cacher le fond de cet océan plus si calme, en proie à ce malheur qui s'abat sur lui ; ouais, le tableau fera mal.

Allez ; respire, Devon. Qu'il relève donc le nez ; et le regard, qu'il aille balayer l'extérieur du dinner ; qu'il se confronte au parking pas si rempli en comparaison du dinner ; qu'il se confronte à la réalité ; à cette ville où il risquera à présent de croiser Lawrence et sa foutue femme ; l'aurait jamais cru qu'il pouvait haïr une personne rien que de part son existence, sans même rien savoir d'elle. Imagine juste qu'elle s'appelle Watson et ça lui semble déjà de trop ; fais chier. "... Ta femme qui doit être ravie de se ramener dans un coin aussi paumé." Qu'il se force à dire, finalement ; attaque le seul bout de vie qu'il pense connaître, de Lawrence ; se dit que les beaux-parents vont enfin la connaître, la fameuse ; ne sait pas si les parents Watson avaient été au mariage ; veut rien en savoir, en fait. Ses doigts froissent un peu plus le papier de la serviette ; et puis il l'abandonne sur la table, pour prendre une gorgée de sa boisson, pour tenter de calmer le feu qui le crame tout en interne, qui lui arrache jusqu'à la moindre parcelle de calme qu'il pouvait encore un tant soit peu possédé ; parce qu'il rêve de gueuler ; d'écraser le poing sur la table ; de briser le verre entre ses doigts ; d'exprimer un tant soit peu la souffrance qui lui déchiquette le palpitant.

Mais il n'en fait rien.

Repose juste le verre, claque à peine le cul et ça tinte alors légèrement ; mais c'est bien là le seul aveu de fureur qu'il pouvait concéder ; parce que dans le fond, Devon, il est persuadé de n'avoir jamais eu de poids dans la vie de Lawrence ; et parfois, il lui arrive encore d'y penser, de se demander ; et s'il avait honte de moi, à l'époque ?
Fou comme à force de rembobiner la casette de leur vie, il en était venu à refaire toute la profondeur de cette relation ; comme pour ne rien en regretter ; et finalement être farci de rancoeur.

Foutu Lawrence, ouais.
Lawrence Watson
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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Jeu 12 Mai - 22:39

tw; mention d'homophobie / homophobie internalisée

Il se referme. Pas qu’il s’était beaucoup ouvert à lui, mais quand même, Lawrence avait cru voir une possibilité, un truc, n’importe quoi qui lui aurait dit vas-y, fonce, t’as encore une toute petite chance de renouer un truc, pas de l’amour mais un truc. Mais non, c’est son ‘ah’ prononcé de sa voix grave, ce sont ses sourcils qui se froncent, comme si il était dérangé par la réponse de Lawrence. Il n’est idiot, le Watson. Il sait qu’aucun ex qui s’est fait lâchement abandonner veut se retrouver à croiser l’autre au dinner ou au supermarché, ou au seule cinéma de la ville, ou sur la plage, ou vraiment n’importe où. Lawrence se force à regarder ailleurs - le comptoir, où un jeune garçon vient de commander deux énormes milshake, avec une gamine à côté de lui. Probablement la fille qu’il voulait séduire. Il aurait pu se perdre dans cette contemplation d’un drame à venir si Devon ne s’était pas manifesté en mentionnant sa femme.

Il tourne la tête un peu trop rapidement vers Devon, et l’observe reposer son verre un poil trop fort sur la table, ça fait un bruit pas très agréable, mais Lawrence ne bouge pas. Il connait Devon plus qu’il a connu sa propre femme avec qui il a eu un enfant, plus qu’il connait ses amis, alors qu’il ne l’a plus vu depuis 13 ans et pourtant putain, il le connait toujours aussi bien. Alors il n’a pas trop de mal à voir qu’un truc le gène, même si son cerveau lui hurle que quoi ? Que ce serait quoi hein ? Pas lui, pas l’idée qu’il soit marié, après tout pourquoi ? “La table t’as rien fait”, il ose le Watson, il a toujours été comme ça, trop franc, trop donneur de leçon, trop insupportable et pourtant certaines bonnes âmes le supportaient. Devon l’avait trop longtemps fait. “Mon ex-femme”, corrige Lawrence. Il ne lui demande pas comment il a su qu’il était marié, il est à peu près certain que ça vient de ses parents, que toute la putain de ville l’a su à un moment ou à un autre. “On a divorcé.” enchaine-t-il en haussant les épaules. Il s’en fout. Le pire, c’est que c’est vrai. Il ne l’aimait pas, elle était confortable c’est tout, il lui offrait cette vie normale à laquelle il avait longtemps rêvé, plus encore quand il avait compris qu’il était amoureux de l’homme actuellement en face de lui. A jamais condamné à subir les regards des autres, au fond une partie de lui avait toujours voulu qu’on les ignore, qu’on oublie leurs prénoms, qu’ils puissent juste aller se chercher un putain de milkshake au comptoir - Lawrence en aurait pris un énorme pour le partager avec Devon, ils se seraient installés là à se raconter des blagues et des souvenirs de la fac de Lawrence et des souvenirs de son boulot de Devon. Ils auraient vécu comme ça toute leur vie, si on les avait laissé faire. Il aurait peut être toujours une bague au doigt, mais cette fois celle que Devon lui aurait glissé là. Le rêve était si beau qu’il dû se mordre l’intérieur de la lèvre pour s’en extirper.

Enfin... J’imagine que tu t'en es mieux sorti que moi,” souffle-t-il en désignant sa bague d’un regard accompagné d’un geste du menton. Lawrence laisse enfin sortir cette frustration, lui aussi. Il n’a plus envie de manger, mais s’occuper les mains c’est bien, alors il prend encore une bouchée pour éviter de dire des conneries, d’éviter de dire que son mari, aussi chanceux soit-il, était probablement un gros con parce qu’il n’était pas lui. L’hypocrisie à son sommet. Comme si Lawrence pouvait arriver à la cheville d’un gars qui était resté, lui, pour l’épouser. Voilà ce qu’il aurait dû faire. La voilà son erreur. Il n’était pas celui qui lui avait passé la bague au doigt, et s’était précipité de la faire à une anglaise qui méritait mieux, elle aussi.
Devon Davis
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Age : Trente-cinq hivers déjà passés ; encore un arc de vie où il continue de tirer sur la corde.
Activité : L'ironie de ce monde a voulu qu'il devienne menuisier ; après avoir été au placard longtemps, le voici à en fabriquer selon les périodes.
Statut : Divorcé ; et Lawrence encastré dans le coeur, depuis toujours, même s'il est difficile de l'admettre, que la peur qu'il ne reparte encore est là. Voudrait lui dire de rester, cette fois ; pourtant, il sait qu'il se tairait encore. Plus qu'à voir où ça mènera.
Style RP : Rythme régulier, narration à la 3ieme personne (avec parfois du "je"), dialogues en fr, entre 300 et 800 mots en général, parfois plus, rarement moins.
Thèmes récurrents : Colère interne, pensées dépressives & noires, réflexions narrative acerbes, mélancolie, évocation possible de mutilation dû au travail, divorce, ...


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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Jeu 12 Mai - 23:02


Vrai que la table est innocente de tout crime ; quoique, elle a déjà dû cacher à la vue de tous la vision de deux amants qui s'étaient retrouvés là, à se frôler le bout des doigts, à la vue de tous ; profitant du bois assez bas ; et de l'étriqué des banquettes ; les mêmes deux amants en bout de banquette, à se frôler le moins possible ; à se dire que l'air qu'ils partagent ne sera pas le même, à être si éloigné ; et peut-être que c'est pour ça qu'ils vivent en décalé les émotions ; ping-pong de ressentiments. "Hmf." Un bref son de gorge, comme pour dire quelque chose ; ne pas laisser le dernier mot ; mais heureusement que Lawrence continue. Apprend le divorce qu'est le sien, que de femme, il n'y en a plus à son bras ; déjà à ça qu'il réchappera, Devon. Et si du soulagement aurait dû se pointer, il n'en est rien ; reste qu'elle a été là, un jour ; à l'aimer ; à pouvoir l'embrasser dans le cou chaque soir peut-être ; à lui sourire et recevoir ses je t'aime ; même s'ils étaient peut-être aussi faux que ceux qu'il avait pu avoir, lui aussi. Ah, si Devon savait ; mais c'est bien là le souci, il a jamais été doué de télépathie ; et sans doute que c'était bien mieux aussi ; de se dire qu'on avait pas été assez aimé, pas du tout même ; que de savoir tout le contraire et souffrir plus encore de l'idée, que, simplement, on l'avait laissé même d'avec tout cet amour.

Les traits lessivés ; même pas une once de quoi que ce soit qui viennent à les illuminer, à apprendre le divorce. Rien, nada ; pourquoi ? L'envie de fermer les yeux et de retrouver un bout de lui, dans tout ce truc ; ce reste de quelque chose. Lawrence est de retour ; et avec lui, il ramène quelque chose de précieux, c'est sûr ; mais Devon, sans doute qu'il a trop vieilli pour que la clef rentre encore dans la serrure ; pour qu'il parvienne de nouveau à s'ouvrir ; qu'il soit pas juste à se prendre la tête entre les mains et maudire encore... Quoi, d'ailleurs ? Ce n'est plus un adulte en devenir qu'il pouvait maudire ; mais bel et bien un, désormais ; qu'avait vécu ; qui s'était marié à une nana dont il ne saurait alors jamais rien, parce qu'elle se ramènera heureusement pas dans le coin. Qu'au moins, il n'aura que deux personnes à éviter, pas trois ; et puis, c'est chouette pour madame Watson ; parce que c'est bien la seule qui valait encore le coup, dans cette famille-là ; la seule qui lui avait sourit et félicité pour son mariage, d'avec sincérité. Et même si la voir à chaque fois au hasard de la ville ou des quelques visites il s'autorise parfois sous prétexte de lui ramener un quelque chose, comme ça, bah ça faisait un peu mal... Ca lui rappelait sa propre mère, à Dev ; et c'était rassurant, un peu.

La vérité fera mal, pour sûr.

Mais y'en a une autre à donner. Parce que Lawrence désigne sa propre alliance ; vrai qu'il l'avait gardé pour pas tomber de nouveau amoureux ; pour pas croire encore en des mensonges, pour pas se dire qu'il avait des beaux yeux, le type en face ; pas de bol, ici présent, il l'avait déjà pensé tant de fois ; le destin se fout définitivement bien de sa gueule. "... Pas tellement, non." Et si Lawrence avait été capable d'hausser les épaules, Devon n'a pas cette force ; trop de poids sur ces épaules ; sans doute celui de l'Europe ; de l'Espagne cette fois ; pouvait pas choisir un pays où il maitrisait la langue, Dev ? Non, c'était trop leur demander à chaque fois ; tssss. "On vient de divorcer." C'était si frais encore ; si bien qu'il sait pas encore retirer son alliance ; qu'elle avait été précieuse, pour Devon ; même si une part de lui n'aurait jamais su s'investir dans ce mariage, qu'il avait pas su y être entier ; mais ça allait à son mari ; ex-mari. Alors il prend une inspiration, Dev, tente de se rafistoler d'avec des bouts de rien ; des morceaux d'un miroir qui avait été brisé y'a si longtemps ; fais chier. "Il voulait partir, alors..." Et il s'arrête là, Devon ; pourquoi il lui dit ça, après tout ? S'arrête là, parce qu'au fond, Lawrence s'en contrefout de sa vie, de ce qu'il avait pu se passer ; alors pourquoi ce besoin de se justifier ? "Bref." Et pour plus le regarder, pour plus voir le moindre de ses gestes, pour plus imprimer dans sa mémoire la nouvelle manière de respirer et de parler de Lawrence, il s'en retourne finalement à ce fichu burger ; histoire d'avoir autre chose que du plomb dans l'estomac.
Lawrence Watson
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Logement : chez son paternel à albion heights, il cherche à s'acheter une maison près de la plage, mais n'a pas encore trouvé son bonheur.
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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Jeu 12 Mai - 23:24

Devon ne s’énerve pas, mais ne lui laisse pas le dernier mot et ça aurait pu le faire marrer Lawrence, parce qu’il le reconnaissait bien là. Putain c’est fou comme il l’aime, il l’aime tellement que c’est dur de respirer, parce que ce poids énorme s’accroche à sa poitrine et refuse de le laisser tranquille. 13 ans c’est beaucoup trop long pour continuer d’aimer, mais chaque regard qu’il pose sur lui fait revenir une vague de sentiment plus puissante que la précédente. Bientôt ça sera trop, il sera noyé, perdu à jamais. Englouti par l’océan des prunelles du Davis, comme si souvent il l’avait été.

Il n’avait pas réagi à son divorce. En même temps, y’avait rien à dire. Il s’était marié à la hâte, pour remplir le trou béant de son coeur, ça n’avait pas marché, le trou était devenu un peu plus béant au passage, et il s’était fait jeter par la femme qui avait réalisé à quel point son mari était un con. Alors ils changent de sujet, ils parlent de Devon. C’est plus agréable, et plus douloureux en même temps. Surtout quand l’autre lui parle de son divorce, et que Lawrence l’entend dire qu’il s’est barré. Pas lui non, l’ex-mari de Devon. Il déglutit, encore un peu plus conscient de ce qu’il lui a infligé. Parce qu’il le voit bien là, il voit bien comment est Devon. Il comprend mieux aussi maintenant. C’est le départ de son mari qui l’a rendu comme ça, enfin de son ex-mari. Il se demande si après son départ à lui, Devon a souffert comme ça aussi. Il pense que non, pas autant, parce qu’à 22 ans ils avaient toute la vie devant eux pour partir, et que si Devon n’a pas voulu venir avec lui, c’est qu’il ne l’aimait pas assez pour le suivre jusqu’au bout du monde. C’est égoïste de penser comme ça, d’exiger de son amant de tout laisser derrière lui pour le suivre, mais il n’y pense pas Lawrence. Il ne pense qu’à sa petite personne.

Il ne dit rien pendant un long moment, et imite le Davis en croquant dans son burger pour le terminer. Puis quand il arrive au bout, il prend une longue gorgée de sa boisson et se rend compte avec horreur que bientôt, Devon aura terminé de manger et va partir, il va le laisser là, seul, et ça il ne veut pas que ça arrive. Pas tout de suite. Alors il doit le faire parler, pour le garder un peu plus longtemps près de lui. “Je suis désolée,” souffle-t-il, mais pas pour tout ce pour quoi il devrait être désolé, en fait. “J’aurais pas dû te demander.” Ca aussi c’est du grand Lawrence. Foutre les pieds dans le plat, puis culpabiliser d’en avoir mis partout. Il crève d’envie de lui demander, ça lui brûle si fort la langue qu’il doit se la passer sur sa lèvre inférieure. Pourquoi t’es pas parti avec lui si tu l’aimes autant que t’en as l’air ? Pourquoi tu laisses filer ceux que t’aimes soit-disant ? Et il ne peut pas s’en empêcher. “T'as préféré rester ici.”, c’est pas une question, c’est un souffle, qu’il n’assume même pas parce qu’il le regarde juste une seconde avant de sembler s’enfoncer un peu dans son siège. Il devrait claquer un billet sur la table et se barrer avec ça, il devrait disparaître, oublier qu’il l’avait revu et pourtant, si il en a parlé, c’est parce que la réponse est vitale. Pourquoi tu fais ça putain, Devon ? Pourquoi t’es si attaché à cette ville de merde ?

Il sait pas Lawrence. Il l’a aimé plus fort que tout, mais il sait pas la promesse qu’il a fait à Mrs Davis.
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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Jeu 12 Mai - 23:47


Lawrence s'excuse ; et tout de suite, Devon a envie de lui demander pour quoi exactement ; lui semble qu'il pourrait dérouler une liste et cocher une des raisons pour laquelle il pourrait le faire ; mais y'en a aucune qui se fera. Parce que c'est juste pour avoir demander, sans le faire en plus. Il avait juste parlé de la bague ; et Devon avait dit ce qu'il en était, qu'elle était son gilet pare-balles ; pas très efficace, ceci dit ; suffit de voir comme il faut occuper ses doigts, comme faut leur foutre une texture quelconque sous les empreintes pour effacer le souvenir des cheveux de Lawrence ; toujours cette envie, maigre mais terriblement intense, de plonger avec délicatesse la pogne dans ceux-là ; et... Un soupir, bref, qui s'échappe d'entre ses lèvres, qui percutent la viande ; et l'englouti bien assez vite ; plus vite il termine, plus vite il se barre ; alors c'est à peine s'il prend le temps de mâcher ; ravale ses émotions d'avec le bout de salade ; un arrière gout de sel alors dans ce bout de verdure perdu parmi le sanglant.

Mais Lawrence, il pouvait pas s'arrêter là ; il s'excuse mais ravive d'autant plus la pire des plaies ensuite. Et là, Devon, aussi fort pouvait-il être, il sait plus faire semblant ; sent sa mâchoire entière se crisper, cesser tout mouvement ; et le voici bloqué, complètement, d'avec l'impression que ça siffle dans ses oreilles ; ou que ça fasse autre chose, ouais, un sifflement en continue, comme si sa ligne de vie venait de s'arrêter , pour ce moment à la con, pour ces quelques mots qui viennent planter le couteau en plein coeur ; ou dos, parce qu'après tout, même pas sûr que Lawrence le regarde en disant ça ; il veut pas savoir, veut pas bordel ! Pourtant il relève les yeux vers l'autre, vers cet inconnu qui pourtant semble farci de reproches aussi ; finalement, peut-être voilà un point sur lequel ils pourraient se retrouver ; dommage que ce soit parmi les plus tristes de ce qui pouvait être. "J'abandonne pas ma famille, moi." Qu'il crache alors, d'avec plus de colère qu'il n'aurait voulu ; l'indifférence crasse, elle s'est fait la malle ; et d'avec elle, les soupapes aussi. Le dernier mot, ce moi, il a insisté dessus, sans même le vouloir. Et il agresse encore ce pauvre mobilier, en laissant s'échapper un peu trop fort le reste de burger dans l'assiette - c'est con, y'avait plus qu'un croc pour le finir. Et la serviette qu'il broie un peu plus encore, au point d'en avoir un morceau qui se déchire et reste accroché à un de ses doigts ; il sent que ça grandit, tout à l'intérieur.

Colère sourde ; mais pas muette.
Sur le point d'exploser ; et tout souffler.

Alors faut qu'il se barre. Qu'il trouve après son portefeuille, pour claquer le billet sur la table, même pas en demander le rendu, laisser le pourboire et se barrer ; et oublier ; pour de vrai cette fois ; oublier tout ; les douze ans ; mais pas les treize. Ca pique ; les yeux, l'âme, la gorge ; fais chier. "Pourquoi t'es revenu, si c'est pour mépriser encore cette ville ?" C'est sorti ; en même temps qu'il trouve enfin ce qu'il cherche ; qu'il relève ses yeux, rempli d'orage, vers l'autre ; pourquoi revenir, si c'est pour continuer de nous détester ?
Lawrence Watson
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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Ven 13 Mai - 11:24

Mais quel idiot. Quel imbécile, pourquoi il était incapable de fermer sa grande bouche, hein ? C’était peut être l’épuisement de son corps qui rendait le contrôle plus difficile. Lawrence sentait que son énergie était au plus bas, et la moindre pensée sortait de ses lèvres un peu trop rapidement pour que son cerveau la retienne. Et là Devon allait lui filer entre les doigts, et ça aurait été normal. La pique que l’autre lui lance témoigne de la colère qu’il ressent envers lui, une colère sourde, qui l’effraie un peu si il doit être parfaitement honnête avec lui-même. Il n’a jamais vu Devon en colère contre lui, jamais. Même quand ils étaient ensemble et que, comme tous les couples, ils avaient des malentendus, ils ne s’étaient jamais vraiment disputés. Comme si leur amour était trop pur, trop beau pour être entâché par un truc aussi bête que de la colère. Alors ça lui faisait bizarre à Lawrence, même si il s’était déjà mangé des piques de sa part. T’es qu’un lâche, voilà la phrase qui tournait en boucle dans sa tête. Lâche, il ne l’était pas, pourtant. C’était lui qui lui avait dévoilé ses sentiments, c’était lui qui avait eu le courage de partir quasiment à l’autre bout du monde sans rien ni personne (même si pour le coup, ce n’était pas son intention de base). Il avait fini par avouer à son ex-femme qu’il ne l’aimait pas, pas comme elle l’aimait. Mais à côté c’était aussi lui qui avait fuit un état qui ne voulait pas de lui, plutôt que de se battre avec l’homme qu’il aimait, c’était lui aussi qui s’était enfoncé dans un mariage vain, qui avait laissé 13 ans de sa vie passer sans vraiment réagir.

Alors il ne répond pas à cette pique qui s’enfonce encore un peu plus fort dans son coeur, mais son regard s’assombrit de la colère qu’il commence à ressentir lui aussi. Il n’a pas le droit mais il s’en tape, il ne laissera pas Devon lui marcher dessus. D’ailleurs le voilà qui se précipite pour se barrer, il le voit se débattre avec sa foutue serviette, ses gestes rendus brouillons par cette rage qui brûle entre eux. Au fond, Lawrence devrait se délecter de cette rage, parce qu’elle est la preuve qu’il compte encore un peu aux yeux du Davis. Il y pensera plus tard, quand il se rejouera le film de cette altercation, mille fois avant de s’endormir et de plonger dans un sommeil sans rêves.

« Parce que j’avais plus rien a Londres et que m… » il s’arrête et secoue la tête. Mauvaise idée. Il ne lui donnera pas le loisir de connaître ses blessures, surtout pas celles-là. « Tu t’en fous de toute maniere ! » crache Lawrence. Il s’en fout Devon, il veut juste plus le voir c’est tout. C’est clair, il l’a bien compris. Il a bien vu qu’il se précipite pour se barrer, alors tant pis, game over Watson, laisse tomber. « Je viendrai pas t’emmerder chez toi si c’est ça qui t’inquiète, », fait-il en plantant son regard noir dans les iris de l’autre homme. Si il savait à quel point c’était vrai. Ca serait plus facile si il pouvait balayer ces 13 dernières années, oublier leurs blessures et leur colère et se pencher par dessus la table pour goûter à ses lèvres une nouvelle fois.
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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Ven 13 Mai - 13:08


Cette question-là, elle attendait pas de réponse ; ou bien, une qui dirait je la méprise pas ; mais Lawrence commence à justifier le fait qu'il aime toujours pas cette ville ; et Devon irait bien pour souffler un rire encore, rempli de même tas d'amertume palpable ; mais le coeur n'est plus à même de cracher sur toute l'ironie de la situation. Lawrence est revenu parce qu'il n'avait plus rien à Londres ; que répondre à ça, à part du silence ? Vingt dollars qui sont extraits du portefeuille suffiront, comme réponse, oui ; ça et ses pognes qui reviennent chercher après sa veste ; et il ravale tout ses mots, Devon. Enfin, presque tout. "C'est trop tard pour ça, Law." Et sans même s'en rendre compte, il use encore de ce foutu surnom, alors qu'il se relève enfin ; parce que oui, c'est trop tard. Treize ans qu'il empiète sur tout ; qu'il est toujours dans un coin de pensée, qu'il est à la porte de ses souvenirs ; qu'il n'est jamais parti de la ville, bien malgré lui. Peut-être bien qu'elle l'aurait oublié, celle-ci, si le père Watson avait pas voulu rétablir l'honneur de son fils ; mais le fait est qu'il avait toujours été là, dans un coin de rue qu'ils avaient parcouru ensembles, plus jeunes ; qu'il revoyait le gamin au genou écorché, puis le camarade de classe ; l'ami, puis l'amoureux ; et enfin celui qu'il regardait partir d'avec toute sa fierté mal placée, d'avant d'aller chialer dans une chambre qui semblait encore avoir l'odeur de Lawrence sur ses draps. La seule pensée réconfortante que pouvait alors avoir Devon, c'était de se dire qu'il ne restera pas, une nouvelle fois ; la seule, ouais.

Alors il s'en va, non sans une micro hésitation à rajouter quelque chose ; un bon retour qu'aurait senti l'ironie à mille lieux, si bien que même tous les jeunes autour aurait su qu'il était pas sincère ; ou bien, peut-être que Devon avait peur que justement, il ne sache pas le dire d'avec ce ton cassant qui était le sien quand il en avait marre de tout ; parce que, peut-être que tout au fond de lui, il aurait pu lui dire d'avec sincérité ; alors, vaut mieux se taire. Claquer sur le comptoir le billet et s'en aller sans demander son reste ; et disparaître dans une rue vide, à cette heure-ci de la journée ; rejoindre le pickup et y rester quelques secondes, à avoir envie d'une clope alors qu'il fume si rarement, Devon, normalement plutôt en soirée ; mais puisque le destin s'était chargé de chambouler toute sa vie à cet instant précis, il n'aurait plus qu'à changer ça aussi. Mais quand il se mouve finalement, c'est pour embrayer plutôt vers un appartement qu'il connaît tout aussi bien que sa propre baraque ; et tenter d'oublier ce qu'il n'est pas parvenu à effacer en treize ans.

Comme quoi, définitivement, ce chiffre est bel et bien maudit.
Lawrence Watson
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  Re: Finally back home (Lawrence #1)    Ven 13 Mai - 14:12

Law.

C’est un simple petit mot, un surnom qu’il a interdit à tout le monde - parfois avec véhémence. Parce qu’il n’y a que lui qui peut le faire. La manière dont ces quelques lettres se forment entre ses lèvres pour venir caresser ses tympans est toujours aussi exquise. Sauf que cette fois, ce n’est pas que ça. C’est pratiquement aussi violent qu’un coup de poing dans l’estomac, ça le fout à terre, définitivement. K.O.

Il ne lui répond pas, le regarde partir avec la bouche à moitié ouverte de vouloir répliquer un truc acerbe qui ferait son petit effet. Et tandis qu’il le regarde partir, il sent son coeur se serrer comme il l’a si souvent fait ces dernières années. Il ne peut empêcher ses iris de détailler son dos, sa manière de marcher, même si la rage suinte de tous les pores de l’homme qui s’éloigne de lui. Une fois la porte fermée derrière lui, Lawrence ferme les yeux un instant, et s’enfonce un peu plus sur la banquette. Il déglutit, et se remet à manger ses frites. Son burger lui, il n’en veut plus.

En face, il observe sans vraiment la voir l’assiette de Devon, il observe le siège sur lequel il était installé, et n’en revient toujours pas de s’être retrouvé si proche de lui sans l’avoir touché une seule fois. La serveuse vient débarasser la place de Devon, et il évite son regard en laissant ses yeux vagabonder un peu partout ailleurs dans le petit resto de la ville. Quand il a terminé, il pose lui aussi un billet sur la table, plus calmement que Devon, récupère son carnet et son crayon qu’il range dans son petit sac en coton et sort du dinner. Il entre dans sa voiture, et roule vers la baraque de son paternel. Il ne se rend pas trop compte qu’il est arrivé, pas tout de suite, c’est le vide complet dans son esprit et pourtant il sent que sous ce calme apparent, il y a un nuage de pensées qui attend qu’il soit disponible mentalement pour exploser.

C’est seulement une fois dans sa chambre, la porte fermée derrière lui, qu’il laisse son sac tomber sur le sol, et qu’il se pose sur son lit. Et qu’il sent une larme qui vient humidifier sa joue. Il a la larme facile - un peu trop et ça le saoule - mais ça fait 13 ans qu’il n’a pas pleuré pour Devon.

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» home calling (lawrence watson)