old times

Juste après avoir redéposé son téléphone écran contre son bureau, Lawrence se replonge sur la maquette qu’il est en train de créer pour l’un de ses premiers clients aux Etats-Unis. Un client qui lui venait d’un ancien collègue, qui avait bossé quelques années à New-York et qui avait entendu que le gars cherchait un bon DA pour l’aider sur une compet’. C’était ça qu’il aimait le plus, Lawrence : créer à partir de rien (enfin rien… A partir du brief des consultants qui avaient planchés sur l’idée de la campagne qu’ils essayaient de vendre). Il devait impérativement envoyé son document pour une réunion que les gars avaient le lendemain matin à 9h pétante, alors Lawrence s’appliquait à terminer correctement, à exporter son fichier et à l’envoyer via WeTransfer pour être sûrs que les autres l’auraient. Enfin de toute manière, quand il serait 9h à New-York, il serait réveillé puisqu’il se levait dans la nuit pour bosser avec Londres.

Satisfait de son travail, Lawrence se lève, attrape le tot bag qui pend à la poignée de la porte de sa chambre d’ado chez son père - et sa chambre actuelle, d’ailleurs - et y laisse son portable tomber. Pour une fois il laisse le portable pro sur le bureau. En bas des escaliers, il croise son père déjà à moitié bourré sur le canapé, et lui décoche un regard plein de mépris avant d’enfiler ses basket blanches-plus-si-blanches. Il balance son sac sur le siège passager de sa voiture, et démarre vers le centre-ville où il trouve un petite boutique qui vend des pâtisseries. Là il prend une boite de cupcakes, tous différents, et retourne dans sa voiture pour prendre un chemin dont il se souvient encore par coeur.

Il se revoit, vingt ans auparavant, sur le siège passager de la voiture de sa mère, sur la route vers la maison de la grand-mère de Sally, qui à l’époque était sa petite-amie. C’était bizarre, elle était beaucoup trop belle pour lui et il le pensait encore aujourd’hui, mais aujourd’hui ni l’un ni l’autre ne voulait remettre le couvert, car ils avaient compris depuis longtemps qu’ils n’étaient pas faits pour avoir ce genre de relation. Avec Sally c’était fort, mais d’amitié. Elle était une des rares de Deer Creek qu’il ait vu à Londres, et une des rares qui était présentes à son mariage. En soit Sally était une sorte de lien entre son ancienne vie ici, sa vie en Europe, et continuait à faire le lien en étant ici.

Il se gare devant la maison, derrière une voiture qui a l’air bien plus neuve, et prend la boite de cupcake pour aller sonner à la porte. C’est la grand-mère de Sally qui ouvre, et ses yeux s’ouvrent en grand quand elle reconnait le gamin qu’elle a vu courir partour chez elle avec sa petite fille. “Lawrence !”, fait-elle avec un large sourire. “Bonjour,” le sourire du gamin devenu homme entre temps reflète celui de la vieille dame. “Ca pour une surprise,” continue la vieille dame en lui faisant signe d’entrer, et il s’exécute en refermant la porte derrière lui. La maison n’a pas changé. Voilà quelque chose de rassurant, qui n’a pas changé, et qui ne contient que des bons souvenirs.

old times

with @Lawrence Watson

Tu reposes ton livre sur le couvre-lit en crochet ancien. Un sourire lorsque tes doigts s'attardent sur le tissu. Tu as connais la couverture depuis toujours. Elle a toujours été là, sur le lit double que tu utilises lorsque tu es ici. Cette chambre n'est plus tout à fait récente, les éléments de décorations remontent un peu. Pourtant, tu l'adores. Tu as un peu grandi ici. Un soupir léger, tu te laisses. Ton regard se heurte à ton reflet. Tu commences reprendre du poile de la bête. Ton air malade disparaît doucement, les cernes sous tes yeux sont noirs sombres. Tu avances. Tu te remets. Ce n'est pas cela le propre de la guérison ? Le miracle de la vie ? On a changé ton coeur et te voilà neuve comme un sous-neuf.

Tu avances vers la glace en pied. Ta chemise n'est pas fermée jusqu'en haut. On aperçoit la cicatrice entre tes deux seins. Elle est encore marquée. Encore trop présente et elle le sera toujours. Tu le sais. C'est un fait après une telle opération, le corps reste marqué. Tu passes tes doigts sur cette marque, ils descendent, tu sens la démarcation de peau. Tu voudrais qu'elle ne soit pas là, mais cela voudrait dire refaire totalement ta vie. Tu sens la gorge se serrer, tu n'es pas bien... l'angoisse vécue toutes ses années, les émotions sont toujours fortes...

Tu entends de l'agitation en bas. Lawrence a dû arriver. Tu te reprends. Tu refermes un peu plus ton chemisier pour ne pas que la cicatrice soit visible. Tu es plus qu'heureuse de retrouver ton ami d'enfance. Ce garçon qui t'a fait vivre tes premiers émois de jeune fille, jeune femme et qui est resté l'un de tes meilleurs amis. Tu entends ta grand-mère ouvrir, elle semble surprise de le revoir, depuis combien de temps ces deux-là ne s'étaient pas vus ? Tu ne sais même pas. Tu descends les marches et tu t'arrêtes à mi-chemin lorsque tu aperçois Lawrence. Tu fonces alors dans ses bras, ta grand-mère a juste le temps de te laisser passer pour ne pas se faire tamponner. Tu l'enlaces avec force. " - Lawriiiiiiie " Beaucoup trop heureuse de le retrouver. " - Je suis si contente de te retrouver ici ! Comment vas-tu ? " Tu souris. Vous vous dirigez vers le salon. " - Tu veux boire quelque chose peut-être ? Thé, café ? Dis moi ! " Tu le dévores presque des yeux, c'est dingue de le retrouver ici. Tu peines à y croire. " - Je n'arrive pas à croire que tu sois là, vraiment, c'est fou bon sang ! "

(c) mars.

Le tourbillon Fitzgerald lui arrive si fort dans la figure qu’il recule d’un poids sous la force de son affection. Ses bras se resserrent autour d’elle avec peut être un peu trop de force, tant elle lui a manqué, et il respire le parfum qui se dégage de sa chevelure douce qui lui chatouille les narines et le visage. Il sourit Lawrence, parce que Sally c’est l’arc-en-ciel de son paysage, dans toutes les circonstances. Une boule de bonheur qui lui fait oublier tant de choses. “Ca va, et toi ?”, c’est pas tout à fait une vérité, parce qu’il a revu Devon pas longtemps avant de la voir elle, mais peu importe. “Je suis content de te revoir aussi, ça fait si longtemps !”, elle n’était plus venue à Londres depuis de longs mois, et lui ne mettait plus un pied aux Etats-Unis depuis qu’il en était parti alors oui, ça faisait longtemps.

Finalement elle l’emmène vers le salon, et il la suit en lançant un sourire à sa grand-mère, qui semble elle aussi ravie de voir le fils d’une de ses vieilles amies de retour à Deer Creek, bien qu’elle soit très certainement au courant des circonstances de ce retour. “Je veux bien un café, ça ira parfaitement avec les cupcake !”, et puis du thé, il en avait un peu eu sa dose en Angleterre. Il pose la boite de cupcake sur la table basse, et l’ouvre pour qu’ils puissent se servir quand ils le voudront. “Et moi donc ! Je te pensais à Los Angeles, en plein tournage. Il faut que tu me racontes tout !”, il veut savoir aussi pour Derek, il veut pouvoir l’aider, comme elle l’a souvent aidé quand il galérait avec Suzanne, ou avec Felix, et qu’il lui racontait tout en se disant que de toute manière, elle ne dirait jamais rien, qu’elle ne rencontrerait jamais son amant d’alors… Si il savait.

old times

with @Lawrence Watson

Tu souris lorsque tu repenses à Lawrence. A cette époque où vous étiez insouciant, juste deux adolescents amoureux ? Lawrence est le premier garçon que tu as aimé, c'est mignon de penser à cela. Ce sont des années que tu cherries. Tu n'étais pas encore une star, pas encore dans la lumière. Juste l'enfant de deux psychologues de renoms qui ont décidé de donner des leçons de vie au monde grâce à la vie qu'ils te faisaient vivre. Tu n'as jamais aimé cette idée. La moindre chose que tu vivais, était décryptée dans une histoire romancée et dessinée. Des millions d'exemplaires vendus. Tu as toujours détesté les représentations que l'on faisait de toi, tu n'as d'ailleurs presque lu aucun des ouvrages. C'est pour cela que tu aimais trouver refuge ici. Dee Creeks. La maison familiale de ta grand-mère et c'est comme cela que tu as croisé la route de Lawrence. Un amour simple et jeune, naissant qui a finalement laissé place à une belle amitié. Vingt ans presque et la vie ne vous a pas séparé, même avec la distance. Alors forcément, tu es plus que ravie de le retrouver, tu as l'impression de retrouver un passé convoité, une vie simple sans photographes au coin de rue. Tu as l'impression d'être toi. Sally, juste Sally.

Tu descends dans une furie lorsque tu entends en bas la voix de ton ami. Un bulldozer, voilà l'impression qu'il doit avoir à te recevoir dans ses bras. Le choc est presque rude, mais tu es plus que contente et tu ne maîtrises pas cette euphorie. Ca va, il te répond. Tu souris. Il retourne cette question qui fait débuter vos retrouvailles. " - On ne peut mieux " Tu lui réponds. Il ne sait pas pour l'opération, pas encore. Tu comptes bien le lui dire. Le timing n'a pas joué en votre faveur. Tu n'as pas voulu rajouter du stresse à la vie compliquée qu'à mener ton ami ces derniers temps. Tu vas faire en sorte de rattraper les derniers mois. Sans doute que vous en avez besoin tous les deux. Tu l'invites à entrer. Vous vous avancez dans le salon pour déguster les cupcakes. Tu lui proposes quelque chose à boire. Café. " - Okay, installe-toi, j'arrive avec le café ! " Tu te retournes pour aller dans la cuisine, ta grand-mère te fait signe qu'elle s'en occupe pour que tu puisses profiter de ton amie. Tu l'embrasses sur la joue avant de revenir vers Lawrence. Tu souris à sa déclaration. Los Angeles. En plein tournage. Tu t'installes en face de lui sur un fauteuil et tu croises des jambes. Puis tu les décroises pour te pencher sur la boîte à Cupcake, tu hésites deux secondes avant en piquer un et de le croquer dedans. " - Hum, Délicieux ! " Tu parles la bouche pleine, la main devant en souriant naturellement. Tu finis d'avaler la bouchée avant de répondre à ses interrogations. " - On a terminé le tournage de la série il y a plusieurs mois, elle est en post-production, ce qui me laisse un peu de répit. " Tu inspires, expires, comme pour te donner du courage. " - J'étouffais un peu à L.A, le rythme effréné, les préparatifs du mariage... j'ai un peu péter les plombs je crois... " Tu déglutis. Lawrence connait la maladie qui t'habitait avant l'opération, cette maladie cardiaques qui empêchait ton coeur de battre correctement. Une maladie qui a régit ta vie ... pas d'alcool, pas de tabac, jamais de sport extrême, jamais d'excès... une vie bien rangée que tes parents ont adoré contrôler. Pour ton bien. " - J'avais besoin d'un retour au source, est-ce un peu excessif tu crois ? " Tu souris. Tu manges un nouveau morceau de cupcake. Ta grand-mère arrive avec une cafetière et des tasses. Elle les pose sur la table basse. Tu la remercie. Elle vous laisse. " - Et toi, qu'est-ce qui t'amène ici ? Monsieur n'aime plus le thé ? " Tu le taquines. Tu sais que ce n'est pas simple. Sa fille... Sa femme. Tu tentes d'apporter un peu de légèreté. " - Cela dit, la couche nuageuse est un peu près la même, les buildings en moins " Tu finis ton cupcake.

(c) mars.

La bonne humeur de Sally est si contagieuse que le sourire sur les lippes du Watson n’a rien de faux. Il la regarde repartir vers la cuisine, mais elle est déjà de retour, il comprend alors que c’est sa grand-mère qui s’en occupe, et il hésite une seconde à se lever pour aller aider la vieille dame, mais si Sally accepte qu’elle s’en occupe… Il lui fait confiance, et imagine que ça sera peut être pris comme une insulte si il se lève lui-même pour aller aider la grand-mère, alors qu’il ignore que Sally sort d’une très lourde opération, et que c’est peut être aussi pour ça qu’elle est protectrice envers sa petite fille. Sally se penche pour prendre un cupcake, et Lawrence l’imite. Il attrape le premier qu’il voit, et quand il croque dedans il hoche la tête à la remarque de Sally qui dit que c’est délicieux. Elle lui raconte alors la série, le tournage terminé - ce qui veut dire une nouvelle saison bientôt, et si il doit être honnête il a hâte, parce qu’il aime bien sa série.

“Merci beaucoup,” fait-il à la grand-mère de Sally, qui lui sourit, sourit à sa petite fille et puis s’en va, probablement pour aller se repose dans une autre pièce. Puis il se tourne vers Sally. “Excessif ? Non, enfin… Sauf peut être du point de vue de Derek, quoi.” Il termine aussi son gâteau et prend sa tasse de café, avant de répondre aux autres questions de Sally. “Franchement, les anglais seront les premiers à te dire que tout le thé qui n’est pas anglais est dégueulasse, mais je crois qu’ils n’ont jamais goûté d’autre thé pour dire ça, ils adorent les petits sachets, ça n’a pratiquement pas de goût et en plus ils noient le tout dans du lait et du sucre, alors leur thé là…”, il lève les yeux au ciel. “Un bon vieux café noir, c’est bien plus efficace pour lutter contre mes horaires de merde, en plus !”, fait-il avec un sourire. “Et je te confirme, le temps d’ici ne me dépayses pas trop,” il sourit avant de prendre une petite gorgée.

“Tu retournes quand à Los Angeles ?”, qu’il demande. Il se demande si il n’irait pas un peu avec elle, pour une semaine, le temps de se changer un peu la tête. Puis aussi étrange que cela puisse paraître : il n’a jamais été à Los Angeles, même gamin avec ses parents. Ils l’emmenaient plus loin dans le pays, ou dans les endroits un peu paumés en général, genre en plein Midwest pour visiter des trucs nuls qui l’ennuyaient, et aller voir des amis de son père qui avaient déménagés.

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